Interview Carine Poirier – Une Année Sabbatique au Long Cours en Famille

Dans cette interview audio passionnante, Carine Poirier nous parle de son expérience formidable d’une année sabbatique en Amérique du Nord. Partie en 2017 avec son mari et ses deux enfants, 8 et 13 ans, elle nous explique comment ils ont géré ce voyage au long cours.

Elle aborde toutes les questions que tu te poses sans doute, de la scolarité des enfants au budget et au financement, en passant par l’impact que ce voyage a eu sur leur vie depuis leur retour.

Tu pourras trouver dans cet article d’autres exemples de familles qui ont « pris le risque » de déscolariser leurs enfants pendant quelques mois. D’assurer eux-mêmes la classe pendant un voyage. Et qui ne le regrettent pour rien au monde !

0’00 : Le témoignage riche d’une année sabbatique en famille

Portrait de Carine Poirier, partie en année sabbatique au long cours avec sa famille
Carine Poirier

Alexandre Willocquet: Bonjour et bienvenue sur le podcast du blog 11 Mois pour Changer de Vie ! Je suis Alexandre Willocquet et dans ce nouvel épisode, je reçois une invitée, Carine Poirier, qui va nous prouver que prendre une année sabbatique à l’autre bout du monde, quand on a des ados, c’est possible et c’est même une expérience extraordinaire !

Alexandre Willocquet: Bienvenue sur ce podcast du blog « 11 Mois pour Changer de Vie ». Pour la première fois aujourd’hui sur ce podcast, je reçois un invité ou plutôt une invitée, Carine Poirier. Carine, bonjour.

Carine Poirier: Bonjour.

Alexandre Willocquet: Carine, je t’ai sollicitée pour participer à cet épisode du podcast parce que je pense que tu as une expérience, des expériences, particulièrement intéressantes pour tous les lecteurs du blog et les auditeurs du podcast. Alors, pour te présenter brièvement, tu es auteure et blogueuse aujourd’hui, mais tu nous expliqueras que tu as eu plein d’autres activités par le passé. Et tu as réalisé, en 2017 je crois, le rêve d’une majorité de Français qui est non seulement de prendre une année sabbatique, mais également d’en profiter pour faire un très long voyage, en famille en l’occurrence. Et c’est cette expérience-là qui m’a fait penser que ça pouvait être super intéressant de t’avoir aujourd’hui dans ce podcast. Au delà de ces quelques mots d’introduction, si tu peux peut-être te présenter pour les auditeurs et puis expliquer un peu justement ce projet, cette année sabbatique ?

1’40 : Présentation Carine Poirier

Carine Poirier: Oui, bien sûr. Je suis Carine Poirier, aujourd’hui je suis auteure et blogueuse, comme tu l’as bien dit, Alexandre. J’ai pris une année sabbatique effectivement en 2017 pour faire un grand voyage familial. Pendant une année. Et au retour, on a repris le travail, comme beaucoup de gens. Et je suis à nouveau en année sabbatique aujourd’hui, pour une reconversion professionnelle. Donc, on va dire que le cap passé de la première demande de l’année sabbatique – parce qu’il faut dire que c’est quand même un moment important, on doute beaucoup – une fois que le cap a été passé et qu’on est parti, une fois rentré, on s’est dit finalement, si on accomplissait vraiment dans notre vie ce que l’on a envie de faire ? Et donc, c’est vrai que prendre une année sabbatique, si on en a la possibilité financière, et bien, c’est quelque chose d’absolument formidable pour avancer ses projets !

2’45 : Genèse du projet

Alexandre Willocquet: Là tu as évoqué plein de thèmes qui me tiennent à cœur, je pense qu’ils intéresseront les auditeurs. Je vais essayer de les prendre dans l’ordre. Déjà ce premier projet, si on se focalise sur cette première année sabbatique et ce voyage, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur les motivations ? Enfin c’est un projet qui est venu comment ? C’est quelque chose que vous avez décidé un peu comme ça, au pied levé? C’était un projet au long cours ? Et peut-être nous en dire un peu plus sur le contenu, parce que je pense que les gens sont curieux de savoir ce que tu as fait pendant cette année.

Carine Poirier: C’est un projet auquel on pensait depuis plusieurs années et cela revenait souvent dans les discussions. Et si on partait longtemps en voyage? Disons que l’on a voyagé beaucoup, régulièrement depuis que je connais mon mari. On est parti tous les ans à l’étranger et puis après, nos enfants sont arrivés, donc on est parti un peu moins à l’étranger, mais on a continué de partir régulièrement. Et puis, en 2015, on avait acheté un camping-car qui était déjà un rêve de longue date qu’on croyait ne pas pouvoir financer, en réalité. Et depuis 2015, toujours cette idée qui revenait : mais si on partait plus longtemps ? On est bien dans ce véhicule, c’est notre petit cocon. On pourrait partir plus longtemps. Et puis bon, c’est toujours pareil. Comment se libérer de son emploi ? Comment faire pour assurer financièrement cette année sabbatique ? Comment faire pour assurer aussi le futur ? Parce qu’on a deux enfants, donc on réfléchit toujours à cet argent qu’on va dépenser lors de l’année sabbatique, ce sera plus pour leurs études, clairement. On a toujours des freins. Et puis, les enfants grandissent. Donc, à un moment donné, le temps passe et on se dit : mais si on ne le fait pas avec eux, est-ce qu’on remet tout cela à la retraite ? Est-ce que on veut vraiment accomplir ce grand voyage avec eux ? À un moment donné, il faut prendre la décision. Au bout de 2-3 années avec le camping-car à tourner autour du pot, en janvier 2017, allez, là oui, claquement de doigts : « c’est bon, on le fait ! ». Voilà. Six mois plus tard, on était parti.

Alexandre Willocquet: Oui, effectivement, tu as bien résumé. C’est à la fois travaillé, mûri sur quelques années, mais je pense qu’il y a toujours effectivement le moment où il faut prendre la décision. Et oui, il y a quand même cette étape à franchir. Même si on s’y est préparé.

Carine Poirier: Oui, c’est le plus difficile, c’est de prendre cette décision, c’est de se dire à un moment donné : « Mais qu’est ce que je fais ?. Est-ce que vraiment, c’est quelque chose que je veux faire ? ». Dans ces cas- là, il faut passer le cap, parce que sinon après, qu’est ce qu’on aurait eu ? Que des regrets, je pense, dans notre vie, de se dire qu’on avait cette possibilité, peut-être, de le faire avec les enfants et qu’on l’a pas fait.

Alexandre Willocquet: Le fait de vouloir le faire avec les enfants, ça mettait une contrainte temps, aussi.

Carine Poirier: C’est ça. Parce que l’aîné, quand on est parti, il avait 13 ans. Et le cadet 8. Et c’est vrai qu’on voyait arriver la fin du collège et on se disait après il va être au lycée. Bon, au lycée, on peut encore suivre avec mon mari pour l’aider, on va dire, au niveau scolaire, mais on savait que ce serait plus difficile. En même temps, on avait aussi un petit peu peur de « lui voler sa jeunesse ».

Alexandre Willocquet: D’accord !

Carine Poirier: Parce qu’une année avec les parents à temps plein, lui, c’était pas de copains. C’était quelque part lui prendre une partie de ses années lycée et on n’avait pas envie de ça.

Alexandre Willocquet: Et eux par rapport à ça, je suppose que vous en aviez parlé ensemble, c’était quoi leur point de vue ? Ils étaient impatients de partir ? Ils étaient mitigés par rapport au point que tu viens d’évoquer ? C’était quoi leur retour?

6’45 : Financement du voyage (partie 1)

Carine Poirier: On leur a dit tout de suite. Évidemment, ils ont été partants tout de suite. Bon, et puis après le temps a passé. Et effectivement, comme notre source de financement au départ, c’était la vente de la maison, le plus jeune au bout de un mois, un mois et demi, il a été pris de panique, parce qu’il a compris que l’école, il ne reviendrait pas au même endroit au retour, que ça imposait de changer de maison… Et là, il y a eu des angoisses difficiles à gérer.

Alexandre Willocquet: D’accord.

Carine Poirier: Donc, au final, on a dit : on ne vend pas la maison. On reviendra là où on est.

Alexandre Willocquet: Donc là, gros changement pour le coup !

Carine Poirier: Voilà, et donc on n’avait plus de financement. Donc bon, c’était assez compliqué. Enfin oui et non. On s’est posé beaucoup, beaucoup de questions, on a recherché différentes sources de financement. Au final, on est parti en faisant un rachat de crédit, ce qui a financé la majeure partie du voyage. Et finalement, c’est une très, très bonne chose. Déjà on a gagné de l’argent puisque les taux d’emprunt avaient baissé par rapport à notre emprunt initial de la maison. Et aujourd’hui, donc, on a moins de charges financières que avant le départ en voyage. Et donc on a gagné en qualité de vie au retour aussi, d’avoir racheté ce crédit. Donc, on est dans notre maison et notre plus jeune a pu partir en voyage sans angoisse. Donc on a fait un très bon choix.

Alexandre Willocquet: Simplement pour bien préciser : tu avais un crédit sur ta résidence, que as racheté. Et donc là, ça t’a permis, je comprends bien, de payer moins, effectivement, avec des taux d’intérêt plus intéressants, mais comment ça t’a permis de libérer une composante financement pour le voyage ?

Carine Poirier: Parce que dans un rachat de crédit, on peut demander une trésorerie complémentaire. C’est ce qu’on a fait. Et donc, bon, on avait des finances saines. C’est sûr que si on a des crédits partout, qu’on n’arrive déjà pas à gérer tous les mois, les organismes de crédit ne vous suivront pas pour la trésorerie complémentaire, ça, c’est certain. Nous, on n’avait pas de problèmes financiers et donc ils nous ont suivis assez rapidement. Donc, on a pu dégager 30 000 euros quand même.

Alexandre Willocquet: D’accord. C’est une bonne partie du budget, j’imagine !

Carine Poirier: C’est le budget. En fait le budget a été 36000 euros, clairement. Mais évidemment, par rapport au choix après qu’on fait de voyages, de visites, etc, si on avait vendu la maison, on aurait dégagé beaucoup plus de liquidités. Après, ça nous a contraint à faire un voyage peut-être moins ambitieux dans les distances, peut-être avec moins de visites, mais un voyage quand même. Donc, ça a été extraordinaire !

9’22 : Un voyage au long cours

Alexandre Willocquet: On peut peut être justement parler un peu du voyage. Moins ambitieux, chacun son ambition ! Mais c’est quand même un sacré voyage que vous avez fait déjà. Parce que tu peux en dire quelques mots. Vous êtes partis, vous avez sillonné l’Amérique du Nord, quelque part ?

Carine Poirier: C’est ça. On a fait embarquer notre camping car sur un cargo. Il est parti de Belgique, puis il est arrivé à Halifax, au Canada. Où on l’a récupéré. Et à partir de là, on a circulé pendant 11 mois, très exactement 326 jours, sur le Canada, les États-Unis et le Mexique. Donc, au départ on comptait faire l’Amérique centrale. Aller jusque peut-être au Panama. Et puis, au final, on s’est arrêté au Mexique pour plusieurs raisons. Parce que les distances sont immenses en Amérique du Nord. Bon, on le sait, on voit les cartes, etc. Mais tant qu’on ne l’a pas éprouvé physiquement, finalement, c’est difficile de s’en rendre compte. On avait l’impression de toujours courir après la montre pour faire tel point, arriver à tel endroit, etc. Arrivés au Mexique, on avait une autorisation de séjour de six mois. On s’est dit, au Mexique, on va prendre notre temps, tranquille. Et puis, après, tous les petits pays d’Amérique centrale, certains sont un petit peu plus instables politiquement. Au moment où on y était, le Nicaragua, il y avait des émeutes. Donc au final… Et puis ça nous obligeait à passer à chaque fois deux fois la frontière puisqu’on avait l’intention de faire une boucle puisqu’il fallait que le camping-car retourne au Canada pour reprendre le bateau pour l’Europe. Donc, il fallait passer les frontières dans un sens, puis après dans un autre. Et à chaque passage de frontière, c’est quand même assez angoissant. C’est vrai qu’on a plus l’habitude en Europe, avec l’Union Européenne. Il y a toujours des heures, voire parfois plusieurs jours d’attente aux frontières, inspection du véhicule, il peut y avoir des tas de papiers à faire et des frais financiers à chaque fois pour assurer le véhicule, donc il faut trouver un assureur à la frontière, c’est assez compliqué. Ça se fait très bien, il y a des gens qui font des tours du monde comme ça. Donc ça peut se faire.

Alexandre Willocquet: Mais ça demande de l’organisation. Et c’est des contraintes en plus quand même.

Carine Poirier: Voilà, c’est ça. Donc au bout d’un moment, on ‘est dit bon… De toute façon, on savait qu’on n’avait qu’une année. Certaines personnes ont plus de temps : 2 à 3 ans, etc. Nous, on savait qu’on avait qu’une année. On savait qu’on voulait repartir du Canada. Au Mexique, on avait le temps, on a dit : voilà, on se pose. Et on a fait Canada, États-Unis, Mexique. Mais c’est un bien grand mot puisqu’en réalité, le Canada, on a vu juste une petite partie de l’est du pays. Bon les États-Unis, on a fait deux fois trois mois : trois mois à l’Est, trois mois à l’Ouest. Bon comme c’est extrêmement grand, on est loin d’avoir tout vu. Et le Mexique, c’est pareil. On a laissé certaines zones de côté, comme la Basse-Californie, par exemple. Il fallait prendre un ferry supplémentaire, etc. Donc on a encore pas mal de choses à faire dans ce secteur.

12’33 : Financement du voyage (partie 2)

Alexandre Willocquet: Une opportunité pour de prochains voyages ! C’est quand même une sacrée boucle. On y viendra après, mais vous l’avez décrit, ce voyage, à plusieurs endroits. Je rebondis simplement sur ce que tu disais, puisque tu as parlé du budget. 36.000 euros, c’est plutôt raisonnable, entre guillemets ! Oui, tout est relatif, mais ce que je veux dire par là, c’est quand on prend le budget moyen, tel que j’ai pu le trouver (évidemment, il y a d’énormes disparités parce qu’on peut partir dans des hôtels cinq étoiles comme on peut partir en logeant chez l’habitant), moi j’ai trouvé un chiffre, je ne sais pas si tu pourras le confirmer, qui est de l’ordre de 15 000 euros par personne pour un séjour de l’ordre de 11 mois ?

Carine Poirier: Tout à fait. Oui, c’est une moyenne. Comme toute moyenne, il y des gens bien au dessus et d’autres bien en dessous. Je pense qu’il y a des gens qui sont même en dessous de notre propre budget. Nous c’est tout compris avec les assurances voyages, tout ça, parce qu’on n’a plus droit à la Sécu. Donc, il faut penser à bien s’assurer aussi. Donc, effectivement, cela fait un peu moins de 56 euros par jour et par personne sur place. Bon, il n’y a qu’un vol aller-retour. C’est sûr que les tours du monde, dès l’instant où on rajoute les vols, ça fait exploser le budget. C’est vrai qu’on a été très raisonnable, parce qu’on a quand même visité deux des pays les plus chers au monde, le Canada et les États-Unis, donc nous avons été très, très, très raisonnables ! Sur le blog qu’on tenait à l’époque pour garder le contact avec notre famille, Parenthèse Nomade, on a fait un budget très détaillé, s’il y a des gens qui sont intéressés. Il y a un budget complet avec le détail pour le carburant, la nourriture, les visites, etc. Mais effectivement, on a été très, très raisonnable parce qu’au niveau visites, je regardais il y a quelques jours, en fait, on a dépensé que 350 euros sur un an. Donc voilà, c’est très peu. Parce qu’on a privilégié les visites nature, notamment aux États-Unis, avec 80 dollars l’année vous pouvez visiter tous les parcs nationaux du pays.

Alexandre Willocquet: D’accord.

Carine Poirier: 80 dollars pour quatre. C’est dérisoire comme prix. Il y a de quoi faire. Et puis après, au Mexique, les visites étaient pas trop élevées.

Alexandre Willocquet: Oui, c’est sûr que le tour du monde, les voyages peuvent être chers. D’un autre côté, le tour du monde, ce que beaucoup de personnes font, c’est qu’ils partent aussi une bonne partie du temps en Asie, où le coût de la vie, pour le coup évidemment au quotidien n’est pas du tout le même. Et comme tu le disais, là, clairement Amérique du Nord, c’est loin d’être le moins cher. Bon ça reste un beau budget, je ne veux pas qu’il y ait de mésentente là-dessus. C’est sûr qu’il faut le financer. C’est souvent le souci de bon nombre de personnes. C’est intéressant d’avoir cette expérience de rachat de crédit, ça peut donner des idées. Mais c’est vrai que c’est une belle performance, entre guillemets, d’avoir réussi à gérer ce budget-là.

Carine Poirier: Après, avec un camping car, on a aussi nettement moins de frais d’hébergement. Donc, même si on décide de passer ses nuits dans les campings, c’est quand même moins cher qu’un hôtel pour 4. Et puis, qui dit hôtel dit aussi restaurant. Donc, c’est vrai qu’on a été très raisonnable là-dessus, on a cuisiné tous les jours dans le camping car. On y a fait notre pain, donc on a vécu simplement, pendant une année, mais on a pu vraiment se payer le luxe de partir un an, de se financer cette année sabbatique et d’en profiter en famille.

15’52 : Instruction en famille

Alexandre Willocquet: C’est clair. Alors justement tu dis « en famille », c’était la deuxième question après les finances que je voulais aborder, puisque les finances, clairement, c’est l’inquiétude numéro 1 des personnes qui envisagent une année sabbatique. Ce qui vient juste derrière, quand on a des enfants, c’est le côté scolarité. Et la grande question, c’est qu’est ce qu’on fait? Est ce qu’on part avec ? Sans les enfants ? Alors partir onze mois sans les enfants, c’est quand même pas évident. Donc, partir avec, c’est mieux…

Carine Poirier: Oui, pour nous c’était exclus, complètement. On n’est jamais même parti un week-end sans eux. On ne peut pas. C’est notre façon de fonctionner.

Alexandre Willocquet: Bon voilà, après chacun a sa façon d’organiser. Mais c’est clair, bon c’est ce que je dis sur mon blog : je pense que tu peux toujours envisager, pourquoi pas, de les confier pendant peut-être plutôt 6 mois aux grands parents, etc. Enfin, je pense que c’est une décision quand même un peu particulière et ce n’est pas ma conception non plus.

Carine Poirier: Chacun voit. Mais effectivement, nous ce n’était pas notre façon de voir les choses.

Alexandre Willocquet: Du coup, comment vous avez géré ? Parce que tu dis, à l’époque, le plus âgé avait 13 ans. C’est ça?

Carine Poirier: Oui. Donc c’était sa quatrième et le plus jeune, c’était son CM1. On est parti sur la quatrième et le CM1.

Alexandre Willocquet: Et alors, comment vous avez géré la partie éducation pendant pendant 11 mois. La scolarité ?

Carine Poirier: Eh bien, on a fait ce que l’on appelle l’instruction en famille, voilà, donc c’est assez simple. Finalement, ce qui est obligatoire en France, c’est l’instruction de ses enfants et ce n’est pas la présence dans un établissement scolaire. Donc il faut pouvoir prouver à l’institution que les enfants reçoivent bien une instruction. Donc, en réalité, au départ, il suffit d’une simple déclaration, on déclare au maire de la commune que les enfants vont être instruits en famille. Et on déclare également aux services de l’Éducation nationale que les enfants vont être instruits en famille. Après ça, on reçoit l’accord. Enfin c’est même pas un accord, ils prennent acte, au final. On peut tous faire ça et ils nous préviennent qu’effectivement, il y aura des contrôles pour vérifier la réalité de cette instruction. Il y a deux contrôles, en réalité, il y a un contrôle social qui est pris en charge par la municipalité, qui vérifie que les enfants ne sont pas en danger à domicile et que l’instruction peut tout à fait se faire à domicile. Après le domicile, que ce soit chez vous, votre adresse habituelle ou en voyage…

Alexandre Willocquet: Oui mais comment ils le contrôlent en voyage, à ce moment là ? C’est avant le départ, je suppose ?

Carine Poirier: Voilà. L’enquête sociale a lieu avant le départ. Et après, il y a une enquête pédagogique qui vérifie la réalité de l’instruction. Et effectivement, que tout se passe bien. Alors, en réalité, l’enquête pédagogique, je crois qu’elle doit avoir lieu tous les deux ans, il me semble. Et en réalité, nous on avait prévenu qu’on ne serait pas là, qu’on serait en voyage. Ils nous avaient dit : « pas de problème, on verra au retour ». On avait prévu de rentrer en juillet. Et puis, au final, quand ils sont rentrés, il n’y a pas eu de contrôle pédagogique. Et puis, ils ont été réinscrits dans les établissements scolaires au niveau de leur classe d’âge. Donc, l’aîné est rentré en troisième en revenant. Et puis le petit en CM2 en revenant.

Alexandre Willocquet: Ça s’est fait assez simplement, finalement de ce point de vue ?

Carine Poirier: Oui, très simplement. Oui, c’est très facile. Après il est possible qu’en rentrant, les enfants soient soumis à un contrôle pédagogique. Ça se passe soit à domicile, soit parfois on vous convoque parce qu’il faut un contrôle pédagogique qui réunisse tous les enfants qui sont en instruction en famille sur un même secteur. Bon, ça dépend, la manière de fonctionner des académies peut être différente.

Alexandre Willocquet: C’est local, d’accord. OK pour cela, merci. Et au quotidien, ça se passait comment ? Dans votre cas vous avez géré ça comment ? Vous avez réservé des plages pour la partie instruction ? Vous faisiez ça tous les jours, ou la semaine? Je ne sais pas comment vous l’avez calé ?

Carine Poirier: Alors on s’était dit, on va travailler tous les jours, mais comme on ne va pas travailler comme lorsqu’ils sont à l’école six heures par jour, parce que bon, on est quand même en voyage, donc bon, on va travailler moins tous les jours, on essaiera de travailler le matin et puis on va maintenir le travail le weekend et pendant les vacances, ils n’auront pas de vacances scolaires. Comme ça, ça permettra de rattraper. Et puis, au final, au bout de quelques jours, on s’est dit : « mais là, si on n’a pas les weekends, on va péter un plomb ». Les parents comme les enfants, ce n’est pas possible, il faut les weekends. Et puis les enfants râlaient beaucoup : « Non, ce n’est pas juste. Les copains ont les vacances en France, pourquoi nous, on a pas les vacances, etc, etc ». Donc, on a fini par accorder les vacances, les weekends. Bon, voilà, on était au fil du temps beaucoup plus souple. On a maintenu quand même les cours le matin parce qu’ils étaient plus disposés à travailler le matin plutôt qu’après une grande journée de route ou une journée de visite. Donc, finalement, on a tenu un rythme d’à peu près une heure / une heure et demie de classe pour le plus jeune, donc en CM1. Et deux heures pour l’aîné, en quatrième, par jour. Tout en gardant les week-ends et les vacances. Et en février, ils avaient fini leur programme scolaire tous les deux. Donc, on a révisé, révisé, révisé, révisé et fin mai, on en avait par dessus la tête et eux et nous. Parce que travailler avec ses enfants, bon, ça se, fait bien. Il y a quand même des moments de tension, il ne faut pas nier. Donc fin mai, on a dit : bon, ils sont déjà passés deux fois sur le travail. Bon, c’est bon, on va arrêter là, et fin mai on avait arrêté le travail scolaire. Mais on va dire qu’on avait un temps scolaire avec des exercices, on avait acheté des livres multi-matières dans le commerce pour avoir une base d’exercices. Bon, on travaillait là dessus. Et après moi, j’avais téléchargé les programmes de l’Éducation nationale. Donc, on travaillait aussi avec ça, les programmes officiels… J’avais téléchargé des livres sur les liseuses pour qu’ils puissent lire les livres qui correspondaient au programme de français, etc. Mais il y a aussi toute la partie qui n’est pas vraiment dans le travail scolaire, mais qui leur fait apprendre beaucoup de choses, c’est tout ce qui se passe pendant le voyage, quand on visite des sites, on fait de l’histoire, on découvre d’autres cultures. Aux États-Unis, on a vu une ancienne forge du 18ème siècle, donc on a pu travailler sur l’histoire de la révolution industrielle, etc. Plein de choses qu’on a pu faire hors temps scolaire, mais par contre, qui correspondait finalement à leurs programmes scolaires d’histoire, de français ou d’anglais, bien entendu. Donc, il y a de multiples façons d’apprendre, en réalité.

Alexandre Willocquet: Oui et sûrement plus parlant pour certains aspects qu’à travers les livres. Donc là, ça a l’air, effectivement, de s’être bien passé, parce que finalement, réussir à couvrir le programme sur moins d’une année en travaillant deux heures et essentiellement le matin, ça paraît pas mal ! La question que je me pose derrière, c’est : ils partaient avec un bon niveau, déjà l’un, l’autre ?

Carine Poirier: L’un et l’autre avaient un très bon niveau scolaire. C’est clair que c’est plus facile quand les enfants n’ont pas de difficultés. Après, qu’est ce qu’on peut dire? Depuis huit ans, je suis enseignante.

Alexandre Willocquet: C’est l’autre point, c’est dans quelle mesure les parents peuvent les accompagner après, c’est ça !

Carine Poirier: Voilà, après tout ce que j’ai pu faire avec eux pendant un an, jamais je le fais avec une classe ! C’est impossible, parce que en réalité, dans une classe, l’enseignant essaie de s’adapter à tout le monde en même temps et au final, c’est difficile. Quand on parle à tout le monde, au final, on sait très bien que l’on ne parle vraiment à personne, donc on perd beaucoup de temps. Bon moi, j’enseigne en collège, donc ce sont des créneaux de 50 minutes où à chaque fois, finalement, il n’y a que 30 minutes d’utile, etc. Donc beaucoup de temps perdu en milieu scolaire, c’est comme ça. Alors que là, finalement, on était pendant une heure et demie ou deux heures rien qu’avec eux et à l’écoute de leurs besoins propres. Donc, finalement, on a avancé très, très, très, très, très vite. Donc, c’est vrai que ils n’avaient pas de difficultés, mais il y a aussi cette façon de travailler qui est extrêmement différente de l’école, qui fait qu’on avance beaucoup plus vite.

Alexandre Willocquet: OK, bon super. Non, ben c’est impressionnant. Je pense que c’est un retour d’expérience intéressant parce que c’est vraiment une inquiétude pour beaucoup de parents et c’est intéressant de voir que ça peut se passer aussi bien que cela.

Carine Poirier: Oui, alors je pense, pour avoir vu beaucoup de témoignages, rencontré des voyageurs, bien sûr, sur place là-bas, et puis après avoir suivi d’autres voyageurs et d’autres témoignages, c’est que je n’ai jamais vu personne qui est rentré avec un enfant qui était plus en difficulté après, qu’avant ! C’est dire que même des enfants qui étaient en difficulté avant de partir et qu’on aurait eu du mal, parfois à accompagner, parce qu’on n’a pas toujours les clés, les outils, etc. pour les accompagner. Même en tant qu’enseignant, si on avait tous les outils, ce serait formidable ! Mais bon, ce n’est pas toujours facile. Et puis l’enfant ne veut pas toujours travailler avec son parent. Il y a aussi une relation qui est un petit peu difficile. Mais dans tous les cas, l’enfant est rentré déjà tellement plus épanoui que avant le départ que, quelque part, il a pris confiance. Donc même les enfants qui étaient en difficulté, ils s’en sortent mieux en revenant d’un grand voyage que, peut-être, si ils étaient restés dans le système scolaire, à répéter le même schéma, etc. Qui leur font perdre confiance. Je ne dis pas que rester à l’école c’est catastrophique, mais je veux dire que parfois, casser les schémas, casser quelque chose qui ne convient pas forcément à l’enfant – s’il est en difficulté, c’est que ça ne convient pas – ça peut l’aider à passer le cap et à améliorer les choses ou en tous cas, à se sentir mieux après dans le milieu scolaire. C’est comme prendre une année sabbatique au niveau professionnel.

Alexandre Willocquet: Exactement, c’est ce que j’allais te dire !

Carine Poirier: C’est exactement la même chose, finalement. Adulte ou enfant, c’est pareil. Si à un moment donné, on se sent pas bien et qu’on sent qu’on a besoin d’une année sabbatique, en tant qu’adulte, au retour on verra les choses différemment, on a pris du recul. Cela permet soit de reprendre le travail qu’on avait avant avec plus de recul et de s’en accommoder, soit éventuellement de changer complètement de voie parce qu’on se rend compte que ce n’est plus possible.

Alexandre Willocquet: Tout à fait, je suis d’accord, c’est exactement ce que je me disais en t’écoutant et cela me fait penser, même entre ces deux situations, c’est intéressant, j’ai vu récemment au niveau des étudiants qui prennent une année de césure, c’est la même chose. C’est à dire qu’il y a une inquiétude des étudiants et souvent des parents, évidemment, sur l’impact de cette année de césure, est ce que derrière, ils vont réussir à reprendre leurs études ? Est-ce que cela peut avoir un impact négatif? En fait, toutes les études montrent que les étudiants qui ont fait une année de césure marchent beaucoup mieux par la suite dans leurs études que la moyenne de leurs camarades qui sont restés à l’université ou peu importe l’école dans laquelle ils vont. Je pense que c’est une année qui peut être enrichissante pour tout le monde, pour les enfants, pour les étudiants, pour les parents. Bon, bien sûr, on ne peut pas généraliser… Après les modes de fonctionnement familiaux personnels… Il faut trouver le bon fonctionnement. C’est hyper intéressant d’avoir d’abord ton retour et puis ce que tu partages sur les familles dont tu as entendu parler ou avec qui tu as discuté, parce que je pense, qu’encore une fois, c’est une inquiétude légitime. Mais comme souvent, finalement, il y a des solutions par rapport à cela.

Carine Poirier: Bon après, ce n’est pas facile. Parfois, les devoirs peuvent être une source de conflits avec les enfants. Il y a des jours où on a envie de balancer les cahiers et les enfants tout par la fenêtre du camping car. Et puis basta ! Allez, on va aller courir dehors, parce que là, on n’en peut plus. Mais bon, des conflits, dans la famille, il y en a toujours.

28’02 : Impact sur la vie après l’année sabbatique

Alexandre Willocquet: Je pense que là, il y a un certain nombre de personnes qui l’ont expérimenté très récemment, avec le confinement. Je pense que ça a été une expérience, effectivement, de ce point de vue là, aussi, pas simple. OK, super. Alors, dernière partie que j’aimerais aborder avec toi, on a parlé finances, on a parlé éducation des enfants. Derrière, tu viens de l’évoquer, une année sabbatique, cela a forcément un impact au niveau personnel. On se pose plein de questions, on se les pose avant de partir. On s’en pose forcément d’autres aussi, pendant l’année sabbatique. Toi, si tu devais résumer un peu l’impact que cela a eu, cette année là ? Tu as déjà évoqué le fait que tu en a repris une derrière. Mais justement, qu’est ce que cela a amené ? Si je comprends bien, il y avait une envie, un projet mûri sur plusieurs années. Mais derrière, qu’est ce que cela a apporté comme réponses ? Mais comme questions, aussi, j’imagine ?

Carine Poirier: Oui. Plus de questions que de réponses, en réalité, je crois, au final ! Je ne sais pas, c’est un chemin qu’on a décidé de prendre avec mon époux. Alors pendant le voyage, on a créé ce premier blog pour garder le contact avec la famille. On a fini par prendre goût au blogging, au fait d’écrire. Tellement bien qu’au retour, bon on a repris chacun notre travail, en septembre 2018. Et puis, on a décidé d’écrire un livre sur notre voyage, donc il y a un récit de voyage qui est sorti neuf mois plus tard, au mois d’avril 2018. Alors déjà, le retour, c’est vrai que c’est un peu particulier. On est dans une phase de transition, on sait pas trop où on est, il y a comme le fantôme du voyage qui est là tout le temps. On a à la fois envie de rentrer pour revoir les proches et puis pas envie de rentrer sur certains points. Pas envie de reprendre une vie à cent à l’heure. C’est bizarre. On est dans une espèce de flou. Et l’écriture du livre nous a aidés à passer le cap de cette période du retour. Et puis moi, au niveau professionnel, j’étais enseignante depuis huit ans après une première reconversion pro et je ne trouvais pas dans l’enseignement ce que j’étais venu chercher. J’ai passé de très bons moments avec les enfants. C’était formidable, mais on va dire que le système ne me convient pas. Je crois que c’est ça qui me pose le plus problème et donc j’ai dit « ce n’est pas possible, il faut que j’arrête. Il faut que je trouve autre chose, un autre métier qui ne correspond plus« . Et comme on était dans l’écriture, finalement, presque depuis deux ans, j’ai eu envie de partager, par mes écrits, mes différentes expériences et de continuer à écrire. Donc j’ai ouvert un deuxième blog en juillet 2019, La Voyageothèque et donc l’objectif, effectivement, c’est de faire de l’écriture et du blogging mon travail à temps plein. Et d’en générer une source suffisante de revenus pour quitter définitivement l’enseignement traditionnel. Mais ce qui n’exclut pas que je n’y revienne pas un jour, mais peut être d’une autre manière.

Alexandre Willocquet: D’accord. Oui alors, sur ce blog, l’angle d’attaque est assez original. Comme tu le dis bien, des blogs sur le voyage, il y en a pas mal, c’est l’un des secteurs où il y a le plus de concurrence. Mais toi tu l’abordes sous un angle un peu particulier qui est toute la littérature qu’on peut trouver autour du voyage ?

Carine Poirier: Voilà, c’est ça. La Voyageothèque, au départ, c’était l’envie de mettre en avant les écrivains voyageurs, que je trouve assez peu mis en avant dans les librairies. On voit beaucoup de guides de voyage, mais enfin toujours les mêmes… Après, si on veut changer un petit peu, il faut bien chercher. J’avais envie de mettre les écrivains voyageurs en avant, et puis parce que moi-même, ayant un livre dans le domaine à vendre, je me suis dit que c’était aussi une bonne façon de lui donner de la visibilité. Et puis ce que l’on nous pose souvent comme question, avec les contacts que l’on a gardés, c’est comment on a fait au niveau pratique, finalement, pour notre voyage et pour notre année sabbatique. En réalité, toutes les questions que tu me poses aujourd’hui ! Et finalement, les demandes des gens sont assez importantes au niveau du voyage au long cours. Et j’ai voulu aussi donner cet axe là sur la Voyageothèque en aidant les gens à préparer leur futur voyage au long cours. Donc il y a des articles pratiques sur comment financer, comment faire, comment budgéter… Voilà, j’ai commencé une série d’articles là-dessus, je prévois d’aborder tout ce qui est démarches administratives, assurances, pour aider les gens vraiment au niveau pratique.

Alexandre Willocquet: Ce que vous aviez déjà fait, sur le premier blog dont tu parlais, qui est Parenthèse Nomade, mais plus ciblé sur la partie voyage en camping-car, pour le coup ?

Carine Poirier: Eh oui, voilà, c’est ça. C’est à dire qu’on a beaucoup parlé de notre voyage au long cours sur ce blog, mais on a continué à y publier des articles et on a publié nos articles en camping-car. Et c’est vrai que les voyageurs au long cours, ils ne voyagent pas forcément en camping-car ! Et nous, maintenant qu’on s’est payé notre voyage au long cours, clairement il n’y a plus beaucoup d’argent dans la tirelire, en plus je suis en reconversion professionnelle donc, voilà, on ne peut plus partir pendant des mois et des mois. Je pense qu’on repartira un jour, mais pour l’instant ce n’est pas faisable. Donc on part désormais en camping-car, plus en France et en Europe. Donc effectivement ce premier blog, Parenthèse Nomade, il est plus dédié désormais aux camping-caristes et éventuellement aux voyageurs au long cours qui décideraient de partir en camping-car. Mais ce n’est pas forcément la majorité des voyageurs au long cours, même si je pense que c’est une super solution pour faire un voyage pas trop cher !

33’51 : Et si c’était à refaire ?

Alexandre Willocquet : OK, super ! Eh bien écoute, merci beaucoup pour toutes ces informations. J’avais une dernière question à te poser mais quelque part, je pense que tu y as répondu implicitement : si c’était à refaire ?

Carine Poirier: Tout de suite ! (rire) Non, mais quelle idée ! Bon après, je vais mettre un bémol quand même : mon aîné, qui est au lycée aujourd’hui, il ne repartirait pas un an. Même le plus jeune, bon il est attaché aussi à la maison, il dit : « oh mais un an, c’est long, sans les copains, tout ça…». Voilà. Même s’ils ont été ravis de leur voyage. Donc, on l’a fait, on est content, on a eu cette super expérience. Peut-être que le prochain départ se fera sans les enfants. Sans l’aîné, probablement, maintenant il arrive en première, voilà…

Alexandre Willocquet: Oui, bien sûr. Je pense que c’était probablement le bon moment, comme tu le disais au début, pour le faire.

Carine Poirier: Voilà, c’est ça. Oui parce qu’au sujet du financement des études, évidemment on se pose des questions. Avec mon mari, on a choisi de faire ce voyage, il n’y a plus d’économies aujourd’hui. Moi, la reconversion professionnelle, on sait qu’on a toujours un laps de temps où on va perdre financièrement… L’aîné approche du baccalauréat, donc, oui, on se pose plein de questions. Et on a absolument aucune réponse.

Alexandre Willocquet: Oui, absolument, tu as raison ! C’est une priorité qu’on fait à un moment dans son budget, clairement. Ce sont des sommes importantes, voilà donc après, bien sûr…

Carine Poirier: C’est un choix. Mais bon, à un moment donné, on vit aujourd’hui. Dans vingt ans, on ne sait pas où on sera ! C’est pris, on l’a fait et on est heureux de l’avoir fait.

Alexandre Willocquet: Super ! Je souscris à 100%. Eh bien merci beaucoup pour toutes ces informations, Carine. Je pense qu’on a été assez complet. En tous cas, moi, ça m’a beaucoup intéressé d’avoir ton retour. Il me reste à te souhaiter une bonne continuation dans ton année, pleine de réflexions ! Nous on gardera le contact parce qu’on partage une passion en commun sur le blogging, donc ça permettra de prendre de tes nouvelles. Merci encore beaucoup d’avoir pris le temps pour répondre à ces questions, je te souhaite plein de réussite dans tes projets et un beau voyage à venir, même si c’est dans 10 ans !

Carine Poirier: Oui ! Merci à toi pour l’invitation pour ce podcast. Merci beaucoup !

Alexandre Willocquet: Avec plaisir, je t’en prie ! Je te souhaite une bonne journée.

Alexandre Willocquet: Carine Poirier était donc l’invitée de ce nouvel épisode du podcast 11 Mois pour Changer de Vie. J’espère que l’épisode t’a plu, qu’il t’a intéressé. Tu peux me l’indiquer dans les commentaires en dessous de l’article. Et n’hésite pas non plus à partager ce podcast sur tes réseaux sociaux, pour en faire profiter d’autres personnes. Je te souhaite une excellente journée !

  • Amandine dit :

    C’était sympa de vous entendre tous les deux! Je suis toujours en phase « découverte » du principe de podcast et je réalise de plus en plus à quel point ça s’intègre bien dans la vie de tous les jours. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai « lu » le livre de Carine donc pas beaucoup de découvertes pour moi au niveau du contenu mais ça reste super inspirant! Par contre, ça devient de plus en plus difficile de me dire que j’ai encore un peu plus d’un an à attendre pour pouvoir réaliser mon propre changement de vie…
    Au fait, j’aime la musique 😉

  • Alexandre Willocquet dit :

    Merci pour ton retour, Amandine (et pour la musique 🙂 ) ! Oui, le format podcast est probablement le plus « flexible », dans le sens où on peut le consommer dans plein de contextes différents.
    Pour ton changement de vie, dis-toi que le chemin fait partie intégrante du voyage 😉 Tu ne bénéficies probablement pas encore de tous les bienfaits que tu en attends, mais se mettre en mouvement et travailler à cette perspective peut déjà déclencher la « machine à satisfaction ».

  • Etienne Gilardone dit :

    Témoignage vivant, très intéressant et riche en informations pratiques pour les candidats au voyage long. En tous cas chapeau bas pour l’organisation globale, la maîtrise économique du voyage familial en camping car et la conduite de l’éducation des 2 enfants.

  • Carine dit :

    Ravie de ce très sympathique moment passé ensemble Alexandre. Merci de m’avoir donné cette occasion de parler de mon expérience 🙂

  • Super sympa ce podcast !
    Que d’informations sur la façon de faire, c’est génial !
    Comme le dit Carine, chaque situation est différente mais je trouve formidable d’avoir un retour d’expérience d’une personne ayant fait cela en famille.
    Voir que les enfants n’avaient pas besoin d’une journée entière de cours était particulièrement intéressante (même si je ne suis pas parent).

    J’aurais eu une question pour Carine (je suis dans le minimalisme) : Avant de partir, avez-vous fait un peu le vide de vos possessions et comment avez-vous géré/vécu le fait de faire avec le « minimum » pendant un an ? Cela a-t-il changé votre rapport avec vos objets de quotidien à votre retour ?
    Merci pour ce podcast !

  • audrey dit :

    wow ça donne envie de partir pendant une année sabbatique! et merci pour toutes ces retours sur la vie sabbatique très inspirant 🙂

  • Carine dit :

    Bonjour Mylène,
    Nous n’étions pas de grands consommateurs, déjà avant le départ. Mais comme beaucoup de gens, nous avions toutefois des objets que nous n’utilisions que très peu dans notre maison. Nous avons donc fait un tri avant de partir…
    A 4 dans un camping-car, on stocke très peu de choses. Mais nous en avions l’habitude puisque nous partions régulièrement avec le camping-car (ou même en voiture avec 2 valises pour 4…) lors de nos congés. Rien ne nous a manqué… si ce n’est ma machine à laver le linge ! Au bout de 11 mois, j’en avais assez de devoir me rendre à la laverie ou de laver à la main. On a même trouvé qu’on aurait pu se passer encore de certains éléments : on aurait pu prendre moins de vêtements par exemple. On finit souvent par tourner avec les mêmes shorts et tee-shirts que l’on use jusqu’à la corde, alors que d’autres restent au fond du placard tout le temps du voyage.
    Au retour, évidemment, le divorce avec la société de consommation a été prononcé. Déjà qu’on ne l’aimait pas beaucoup… Avant le voyage, on n’achetait pas grand chose. Maintenant, on n’achète plus rien.
    Alors, de là à dire que nous sommes devenus minimalistes… je ne sais pas. Je n’aime pas beaucoup les étiquettes. On a toujours des efforts à faire et des marges de progression envisageables 🙂

  • Alexandre Willocquet dit :

    @etienne-gilardone, merci pour ton retour enthousiaste ! 🙂
    @carine, tout le plaisir est pour moi.
    @mylene-legrand, si ça t’a permis de trouver plein d’infos, c’est super, mission accomplie 😉 J’espère que de nombreux parents y trouveront l’inspiration pour oser réaliser leurs rêves.
    @audrey, c’est fait pour ! 😉 En tous cas pour vous montrer qu’il y a généralement des solutions à tous les obstacles à ce projet encore considéré comme un peu fou !

  • caroline dit :

    très inspirant, et les interviews en podcast, ça passe super bien ! Merci à vous deux 🙂

  • Alexandre Willocquet dit :

    Merci @caroline ! Oui, j’aime bien aussi ce format. Et pour cette première, Carine avait plein de trucs intéressants à partager ! 🙂

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