Savoir gérer ses émotions, ça a longtemps été considéré comme un atout dans la vie professionnelle (et dans la vie tout court !). Ou, plus précisément, être émotif était considéré comme un signe de faiblesse. En particulier pour un manager !
Cet article participe à l’événement interblogueurs “Comment faire face à ses émotions et continuer d’avancer ?” organisé par le blog Bien-etre-en-cours. J’apprécie beaucoup ce blog, et en particulier cet article car il te fait vivre de l’intérieur une séance de méditation guidée de lâcher-prise. Tu trouveras dans son article récapitulatif Faire face aux émotions les conseils des 15 blogueurs qui ont participé à ce carnaval d’articles.
Quand j’ai découvert le thème retenu par Caroline pour son carnaval d’articles, je suis resté un long moment pensif… Quelle était la dernière fois que je me souvenais m’être laissé submerger par mes émotions ???
Aucune idée ! Depuis mon adolescence, j’ai grandi dans ce modèle du “self control” dans lequel ne rien laisser paraître de ses émotions, c’était cool… J’ai donc sérieusement hésité à déclarer forfait pour cet évènement interblogueurs !
Mais j’avais promis à Caroline de lui retourner la politesse, puisqu’elle avait eu la gentillesse de participer au premier carnaval sur ce blog. Et avec un peu de recul, je me suis dit que je pouvais peut-être apporter un regard original. Sans être pour autant hors-jeu par rapport au thème et en partageant des enseignements utiles à d’autres.
Si tu veux mieux gérer tes émotions, je vais te faire part de mes expériences. Celles dont tu peux t’inspirer si tu veux. Et celles que tu devrais mettre de côté ! 😉
Sommaire ➡️
Conseil n°1 : apprendre à se couper de ses émotions (niveau débutant)
Depuis de nombreuses années donc, je mets un point d’honneur à être le moins émotif possible. Comme le personnage de Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone. Et c’est devenu une seconde nature. En particulier dans le domaine professionnel où la colère ou la peur sont mauvaises conseillères !
J’ai appris ça étant jeune. Je me souviens en particulier de cours d’équitation où je m’efforçais de rester le plus “zen” possible lorsque je me faisais embarquer par mon cheval. Ce qui faisait, à ma grande satisfaction, l’admiration de mes camarades.
Plus récemment, à l’occasion d’une évaluation professionnelle “360°”, l’un de mes collaborateurs m’a décrit comme “un roseau dans la tempête”. L’image m’a fait sourire et j’ai finalement beaucoup apprécié ce qui représente toujours pour moi un beau compliment.
Pour gérer ses émotions, je pourrais donc te donner ce premier conseil : entraîne-toi à les ignorer le plus possible. Ou plutôt d’ailleurs, à ne rien montrer de tes émotions. Mais pris isolément, ce serait à vrai dire te rendre un mauvais service ! J’y reviendrai par la suite.
Conseil n°2 : segmenter les différents rôles de ta vie (niveau intermédiaire)
La cacophonie de tes différents rôles
Nous avons tous différents rôles dans notre vie : tu es un fils ou une fille, peut-être un conjoint et un père ou une mère. Tu as des responsabilités professionnelles. Peut-être une vie associative ou des engagements spirituels. Tous ces rôles contribuent à ton épanouissement et à la fabuleuse richesse de ta vie !
Mais à vrai dire, ils peuvent aussi singulièrement te la compliquer… c’est le cas quand tu rencontres des difficultés dans plusieurs de ces rôles en même temps. Ou même simplement des contrariétés de nature à générer des émotions qui peuvent te perturber.
Si ces émotions entrent en résonance, il peut devenir très difficile de garder le contrôle et d’aller de l’avant :
- n’as-tu jamais été perturbé, au moment d’une réunion importante pour ton travail, par le souvenir d’une dispute du matin même avec ton conjoint ?
- ne t’arrive-t-il pas d’avoir du mal à trouver le sommeil, ou à le retrouver après un rêve évoquant tes soucis professionnels du moment ?
Il s’agit souvent au départ de pensées, mais qui peuvent rapidement être la source d’une émotion négative (peur, colère…). Evidemment, si tu es en train de parcourir la courbe du deuil, ce sera encore plus fort…
Diviser pour mieux gérer (ses émotions)
Je me souviens de discussions animées avec plusieurs collaborateurs de mon site lorsque je leur expliquais qu’il fallait laisser ses soucis personnels à la porte de l’usine !
Bien sûr, ce n’est pas toujours possible. C’est vraiment ce que je m’efforçais de faire. Mais je dois reconnaître qu’aux prémices de mon divorce, il m’était difficile de refouler ma tristesse.
Évidemment, la réciproque est vraie aussi : il faut laisser le moins possible les soucis pro envahir la sphère familiale. Pas simple non plus (même plus difficile pour moi !), mais cette segmentation est une manière très efficace de gérer ses émotions. Un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps !
Pour y parvenir, j’empruntais (sans le savoir alors) des techniques à la méditation. Quand je sentais des angoisses monter, je m’imaginais dans un lieu synonyme de sécurité et de bien-être pour moi. Et je me persuadais que mes pensées ou mes émotions parasites ne pouvaient pas y pénétrer. Une façon comme une autre de me recentrer sur moi et de m’isoler un peu.
Ça peut sûrement sembler naïf ou simpliste, mais je te garantis que même lorsque j’étais directeur d’usine, j’ai rarement eu du mal à dormir en utilisant ce conditionnement positif !
Conseil n°3 : reconnaître ses émotions et les apprivoiser (niveau avancé)
Oublie le conseil n°1 (ou presque) !
Pourquoi t’ai-je dit que le conseil n°1 pouvait être un faux ami ? D’abord parce que tu réaliseras vite qu’il est quasiment impossible de réprimer tes émotions partout et tout le temps.
Mon expérience, c’est que tu peux choisir de le faire en certaines circonstances. Mais par un savant mélange de vases communicants et de cocotte-minute, elles finiront alors par s’exprimer ailleurs…
Dans mon cas, j’arrivais assez bien à les étouffer au travail. Mais le revers de la médaille, c’est que j’avais beaucoup moins de self-control à la maison. En particulier avec les enfants… et c’est malheureusement assez classique.
Par ailleurs, le conseil n°1 ne marche que sur le court terme. Les émotions sont en effet aussi utiles que les pensées. Elles sont source d’information et peuvent littéralement te sauver la vie (je t’épargne l’explication de l’utilité de la peur ?).
Bien sûr, parfois, elles te submergent “au mauvais moment”. Et dans ce cas-là, ce conseil est très utile pour les ignorer temporairement. Mais il est tout aussi important, et même bien plus, d’être capable de décoder tes émotions.
Des émotions utiles
Ce qui s’apprend. Car au-delà des émotions primaires, il existe toute une palette subtile d’émotions. Et chacune d’entre elle renvoie à des besoins (in)satisfaits différents. Si tu es capable de comprendre à quelle émotion tu fais face, tu pourras trouver la réponse à apporter pour la calmer durablement.
Connaître et gérer ses émotions, c’est l’une des bases de la Communication Non Violente. Si tu veux progresser à cet égard, tu peux donc lire avec profit le très bon livre Cessez d’être gentil, soyez vrai ! de Thomas d’Ansembourg, dans lequel il explique en particulier :
Bien sûr, en écoutant tes émotions pour les décoder, tu prends le risque d’être submergé. Dans un premier temps au moins. Et tu sais quoi ? C’est OK ! Les émotions font partie de la vie. On a tendance à se focaliser sur les émotions négatives, mais qui voudrait sincèrement vivre une vie sans joie ?
Et encore une fois, même accueillir les émotions négatives est utile. La tristesse est un passage nécessaire pour faire un deuil. A défaut, on risque de rester dans le déni. Tout l’enjeu est d’être capable de ne pas leur accorder une place démesurée.
Gérer ses émotions en les accueillant ?
Et si c’était ça, finalement, savoir vraiment gérer ses émotions ? Bien davantage que de les ignorer ou de ne pas les montrer. Plus facile à dire qu’à faire ? Bien sûr, et c’est pour ça que je considère que ce conseil n°3 demande plus de maturité !
La méditation peut t’aider lorsque des émotions négatives ont tendance à trop durer. Elle t’apprend à prendre du recul pour les observer comme des objets. A ne pas t’identifier à elles.
Et enfin à reconnaître que tu peux choisir d’y mettre un terme, car à la base les émotions sont temporaires. Lorsqu’elles durent, c’est que nous choisissons (souvent inconsciemment) de les entretenir. Il est possible d’apprendre à ne plus le faire.
Tu n’es pas encore convaincu par la nécessité de te laisser parfois envahir par tes émotions ? Prenons le problème à l’envers. Si tu appliquais constamment le conseil n°1, tu ferais volontairement preuve de froideur émotionnelle, qui deviendrait alors sûrement à la longue un trait de caractère.
Tu ne manifesterais jamais non plus d’empathie, pour ne pas paraître faible. En fait, tu commencerais à ressembler point pour point à la définition d’un psychopathe. Non, il s’agit pas forcément d’un serial killer avec un couteau sous la douche… ni d’ailleurs du colonel Moutarde avec le chandelier dans la cuisine !
Tu pourrais alors plutôt faire une brillante carrière en politique comme Kevin Spacey (Franck Underwood dans House of Cards). Mais de là à être heureux dans la vie… Oh mais tiens, au fait, il jouait aussi un serial killer dans Seven 😉
Avec le temps, j’ai compris que le vrai courage, ce n’est pas d’étouffer ses émotions. C’est d’y faire face lors d’une introspection, les regarder dans les yeux. Comprendre à quel besoin elle nous renvoient. Puis les laisser passer et aller de l’avant.
Peux-tu toi aussi apprivoiser tes émotions ?
Que tu fasses partie des hyperémotifs ou des psychopathes en puissance (comme moi !), tu peux apprendre à accueillir tes émotions et les apprivoiser. Nous vivons à une époque formidable où il est autorisé et même recommandé de parler de soi, de ses émotions !
Que l’on parle d’empathie, d’intelligence émotionnelle ou même de quotient émotionnel, la capacité à reconnaître les émotions (les nôtres et celles des autres) est désormais considérée comme un atout. Même et surtout pour un manager !
Quelle première étape peux-tu engager dès maintenant pour commencer à mieux gérer tes émotions ? Que ce soit te former à la communication non-violente ou apprendre à méditer, j’espère que tu auras compris qu’il existe forcément une option faite pour toi. Dis-moi dans les commentaires tout en bas ce qui marche dans ton cas !
Ce travail te permettra non seulement de te sentir mieux, mais aussi d’améliorer tes relations aux autres en t’autorisant à discuter des émotions et des besoins sous-jacents. Le dicton populaire ne dit-il pas :
J’espère que cet article t’a plu. N’hésite pas à me le montrer en cliquant sur le petit pouce gris ci-dessous. Si tu penses qu’il peut être utile à d’autres personnes, ce serait très sympa de le partager sur tes réseaux sociaux, par exemple à partir des icônes sur ta gauche.
Bel article Alex. Je confirme qu’il ne faut pas tout garder en soi au risque d’exploser… ou d’imploser. Exprimer mes émotions et mes besoins m’a permis de moins ruminer, de moins souffrir, de m’ouvrir davantage… En résumé, d’être plus heureuse tout simplement.
J’ai beaucoup aimé ton article. Et particulièrement, ta sincérité quant à la gestion des émotions au travail et son revers à la maison. Cela montre que nous sommes tous humains. Le contrôle, même lorsqu’on est passé Maître dans cet art, ne peut pas être total. Et tant mieux. La meilleure des clés est, en effet, d’accepter. Accepter nos émotions, accepter qui nous sommes, accepter d’être imparfait. J’ai regardé la série House of Cards. Et bien que j’ai aimé cette série, je confirme ne jamais vouloir ressembler à Franck Underwood.
Bravo pour ton article !
Merci @sophie. Oui, s’autoriser à exprimer ses émotions est de plus en plus « tendance » ou en tous cas accepté. Et c’est la base de la Communication Non-Violente, qui est vraiment une approche intéressante selon moi (mais que je ne maîtrise pas encore bien ! 😉 )
Merci pour ce retour très sympa, @laur-a ! En effet, le contrôle total n’est ni possible, ni souhaitable. Il m’a fallu un moment pour le réaliser et le digérer (changement de paradigme, quand tu nous tiens !). Oui, tu as raison, nous sommes tous « parfaitement imparfaits » 😀
Bonjour Alexandre !
Merci pour cet article 😊 tu m’as fait une belle frayeur lorsque j’ai lu ton conseil numéro 1, puis un sentiment de soulagement en lisant la suite 😂 ouf! Quel ascenseur émotionnel ! Oui effectivement, pour gérer ses émotions mieux vaut ne pas les réprimer 😉 et au travail il y a plusieurs astuces pour différer la tempête tout en prenant soin de soi🤗
D’ailleurs l’une des astuces est de considérer que l’on pose une casquette sur sa tête en allant au boulot et de l’enlever en sortant (casquette du patron, casquette de psy, etc…) 😉 une seconde est de tenir un carnet pour y noter nos pensées et faire la part des choses entre professionnel et personnel.
Un vaste sujet ! Merci pour ton retour d’expérience !!! Au plaisir de lire un prochain article 😊
Je ne sais pas alors si je dois être désolé ou non, Alicia, si ça a suscité des émotions fortes chez toi 😉 Je ne connaissais pas cette astuce des casquettes mais effectivement, ça colle avec l’idée de segmenter nos rôles. Merci beaucoup pour ton retour !
Merci Alex, je me suis bien reconnue à un moment de ma vie à « étouffer » mes émotions pour qu’elles finissent par s’exprimer lors des moments avec mes enfants.. ouf, c’est fini ! Merci d’avoir livré ton chemin vers la maturité, au-delà d’être « tendance », le bien-être est au rendez-vous, et je préfère de loin prendre le temps d’accueillir mes émotions que devenir psychopathe 😂 tu m’as bien fait rire en lisant ce passage !
@caroline, je crois qu’on est malheureusement nombreux à être passé par là…
On ne rit jamais assez, alors je prends ce retour comme un compliment ! 🙂 Merci !
[…] 3 conseils pour mieux gérer ses émotions et en faire un atout […]
Bonjour Alex,
Article drôle et émotionnellement secouant avec le conseil du début : apprendre à se couper de ses émotions, ho la la ! Et oui, il faut apprendre à les accueillir et les apprivoiser. Mais cela demande un certain recul et beaucoup de bienveillance envers soi. Pour aimer toutes nos émotions, il faut s’aimer ! Et alors comme par magie, elles se libèrent et s’envolent…
Un petit cheminement intérieur pas si difficile que ça dès qu’on est prêt à en ouvrir la porte. Merci Alex, bel article !
Merci pour ton retour, @fanny-r. Je crois que nous sommes plusieurs à avoir suivi ce cheminement : se couper de ses émotions –> les apprivoiser. Il y a un petit côté provoc’ assumé à le faire suivre également au lecteur 😉
Encore un très bel article Alexandre.
1 2 3 belle progression dans les conseils!
@etienne, merci pour ces encouragements ! 🙂