Voici une citation pour changer de vie d’Andy Grove qui ne laisse pas indifférent ! Changer de carrière serait non seulement difficile, mais nécessiterait de tirer un trait sur son passé ?
Cela aurait pu faire l’objet d’un nouveau duo avec une citation d’Albert Camus !
Mais nous avons vu que derrière l’apparente facilité à changer de métier, ce dernier nous alertait aussi sur la difficulté sous-jacente à renoncer à sa maîtrise.
Cette citation d’Andy Grove affiche d’emblée, elle, la difficulté à changer de carrière :
Dans la langue de Jean-Pierre Pernaut, elle est généralement traduite par :
Admettez que tous vos changements de carrière ne se feront pas facilement. Mais ne regardez pas en arrière.
Andy Grove
On pourrait discuter de la traduction donnée à « career move ». Qui peut tout aussi bien être un simple changement de poste qu’un vrai changement de métier.
Mais l’essentiel n’est pas là. Pourquoi diable Andy Grove, l’ancien patron d’Intel, nous conseille-t-il de ne pas nous retourner ?
La perversité d’un plan B ?
Faut-il y voir un appel à faire le deuil de son passé, un peu à l’image de la citation d’Anatole France ?
Peut-être un peu… mais pour moi, cela fait plus largement écho à la notion de « plan B ».
Lorsque j’ai décidé de changer de vie, je l’ai fait dans le cadre privilégié d’une année sabbatique. Puis d’un congé création d’entreprise.
Ces deux dispositifs, souvent méconnus, sont bien plus accessibles qu’on ne le pense généralement. Et ils procurent des conditions qui permettent de se concentrer sur son projet.
En particulier, inutile de s’inquiéter excessivement de ses probabilités d’échec : en faisant le choix de l’un de ces congés, on n’a pas à « brûler ses vaisseaux ».
En effet, dans le pire des cas, il restera toujours l’option de revenir au point de départ. De reprendre son poste précédent. Ou plutôt un poste équivalent.
Du moins, c’est comme cela que je le vois personnellement… Mais dans les quelques critiques régulièrement formulées à leur encontre, on trouve l’idée suivante.
Leur confort enlèverait tout « sens d’urgence ». L’existence-même de ce « plan B » n’inciterait pas les entrepreneurs en herbe à s’impliquer à 100% dans leur nouvelle activité !
C’est une idée qui, à vrai dire, a tendance à me hérisser le poil… car très honnêtement, si j’avais voulu me la « couler douce » pendant mon année sabbatique, je m’y suis pris comme un manche !
Voilà désormais plus de 15 mois que je travaille autour de ce blog. Je n’ai jamais pris si peu de jours de vacances de ma vie. Et mes semaines de travail comptent plus souvent 6 jours que 5 !
Mais c’est un choix assumé. Car en contrepartie, c’est vrai, j’ai opté pour chercher l’équilibre dans chacune de mes journées. Et il serait raisonnable de dire que je travaille une bonne demi-journée.
Je comprends aussi la citation d’Andy Grove
Bref, je me sens très impliqué dans mon projet. Et j’ai le sentiment que le rythme de travail que j’ai choisi me permettra de tenir sur la durée.
Mais pour me faire l’avocat du diable, je ne peux pas nier que je sais que je bénéficie d’une corde de rappel.
Et que je m’autorise parfois – rarement – à regarder en arrière. A me demander si je pourrais vraiment reprendre mon poste d’ici quelques mois.
Est-ce que je fonctionnerais différemment si je n’avais pas ce filet de sécurité ? C’est possible… peut-être que je mettrais les bouchées doubles pour maximiser mes chances de réussir.
En envoyant alors valser toutes les activités « non essentielles » :
- routine matinale revue à sa plus simple expression
- tâches ménagères et administratives repoussées au week-end
- relations sociales remises à plus tard, « quand j’aurai le temps »
Tu le pressens sans doute : je ne suis pas franchement emballé par ces perspectives ! Car oui, il est possible que cela me permettrait d’arriver plus sûrement. Ou du moins plus rapidement.
Mais au détriment d’un point crucial dans ma démarche : ma nouvelle activité doit me permettre de bénéficier immédiatement d’une qualité de vie bien meilleure que celle que j’avais jusque-là !
A quoi bon réussir, si c’est au prix de sa santé ou d’un isolement social dévastateur ? Ca fait partie des raisons-mêmes qui m’ont amené à quitter ma cage dorée !
J’ai toujours aimé regarder en arrière
Alors je me permets de regarder en arrière et peut-être (je dis bien peut-être !) que cela m’incite à ne pas trop tirer sur la corde… Mais cela ne ressemble-t-il pas à la sagesse de l’âge ? 😉
Par ailleurs, et je m’en suis déjà ouvert dans ces pages, j’ai de façon générale beaucoup de mal à tourner définitivement un trait sur les évènements et les personnes de mon passé.
Je n’ai jamais eu l’impression que cela m’empêche d’aller de l’avant. Peut-être un peu de profiter pleinement du moment présent. Mais c’est une autre histoire ! 😂
Alors malgré toute l’admiration que j’éprouve pour Andy Grove (j’ai adoré son livre High Output Management !), voilà un de ses rares conseils que je n’appliquerai pas.
Et je suis persuadé que si je pouvais lui expliquer ma position, il me donnerait sa bénédiction ! Allez Andy, quoi, dis-moi oui ! 😉
Et toi : as-tu déjà renoncé à un changement motivant parce que tu avais trop de mal à accepter ce qu’il te fallait quitter ? Penses-tu qu’il vaille mieux renoncer au confort d’un plan B pour être pleinement engagé ?
Ton avis sur ces points m’intéresse beaucoup. Dis-moi tout dans les commentaires ! 👇
Merci pour cet article tres interessant qui encourage a reflechir sur nos projets.
Je suis d’accord avec toi. Personnellement regarder en arriere m’encourage a continuer lors de mes traversees du desert. Quand je vois tout le parcours accompli, il serait dommage d’arreter!
on peut regarder en arrière pour analyser ses erreurs mais le fait de se lamenter dessus peut faire perdre du temps et de l’énergie qui pourrait être investi sur quelque chose de plus « créateur ». c’est peut-être ça qu’a voulu dire Andy Grove avec sa citation?
Hé, merci pour ton article qui me parle à moi la grande nostalgique ! De plus passionnée de transmission, tu t’imagines comment je peux m’attarder sur le passé… Par contre, je fais le tri, j’utilise les éléments du passé, seulement quand ils sont des retours sur expériences qui me permettent de construire un présent et un avenir plus en phase avec ce que je souhaite aujourd’hui 🙂
Ah, je me sens un peu entre deux. J’ai souvent changé de direction, mais jamais avec un filet de sécurité, si ce n’est la certitude que si vraiment il le faut, je peux revenir à ce que je faisait avant. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait à plusieurs reprise. Non par échec mais par envie. Je n’ai pas le pied marin alors les bateaux brûlés ne m’inquiètent pas tellement. 🙂 Et en anglais on parle de brûler les ponts « don’t burn all your bridges! ». Personnellement, je suis d’avis que mes ponts, ce sont les personnes rencontrées sur ma route et qui ont apprécié de travailler avec moi. Le vrai atout est dans l’humain. Pas de filet mais je sais que j’aurai des recommendations si j’en ai besoin.
Alors je vais de l’avant!
Oh oui! Regarder en arrière permet de voir le chemin déjà accompli, et de ne pas flancher dans les moments de doute. Merci pour ce bel article
Hey Andy !
Merci pour cet article qui me parle beaucoup. J’ai pour ma part choisi de brûler mes vaisseaux. Non pas pour me motiver, la motivation était là, mais parce que lorsque j’ai fait le choix de changer de vie, c’était parce que je ne pouvais plus supporter de vivre avec cette activité professionnelle, certes rémunératrice, mais qui me faisait mourir à petit feu, avec cette sensation d’être enfermée dans une vie qui ne me correspondait pas. Oui j’aurais pu prendre une disponibilité, de 10 ans même car j’étais fonctionnaire, mais j’ai préféré faire une rupture, car je ne voulais surtout pas revenir.
pour autant, je fais souvent le lien avec cette première partie de vie, qui a tout de même duré 22 ans, car je sais tout ce qu’elle m’a apporté, et tout ce qu’elle m’apporte encore aujourd’hui, mais il n’y a pas de nostalgie, juste une autre époque…
Vraiment très intéressant! Je trouve que cette période est justement idéale pour aller à fond sur tout: on sait jamais si les choses resteront ouvertes demain, si on pourra sortir, etc, etc… On devrait toujours vivre comme ça (pas avec une pandémie, mais avec la conscience de l’impermanence). Je te rejoins également sur le regard en arrière. Parfois regarder en arrière permet de guérir certaines blessures et avancer avec plus d’entrain et parfois plus vite qu’avant. Nous sommes le résultat d’hier, et demain sera le résultat d’aujourd’hui, mais aussi d’hier… Si on arrive à vraiment lâcher hier, c’est top. Mais je connais très peu de personnes qui arrivent pour de vrai… Par contre je comprend la citation, c’est juste que le passé ne doit pas nous bloquer pour agir et aller à 100% dans notre nouveau choix. Merci beaucoup! J’ai adoré!
Je trouve que tu apportes un autre bon argument @Emilie Marie, merci ! C’est vrai, regarder le chemin parcouru aide souvent à trouver un surcroît de volonté.
Merci pour ton point de vue, @Marie ! C’est sûr, si regarder en arrière devient synonyme de lamentation, c’est effectivement une perte d’énergie et c’est pour le coup contre-productif !
Exactement, @Coralie, je pense que nous avons la nostalgie comme point commun ! 😉 Et c’est une bonne idée de filtrer uniquement ce qui nous sert à aller de l’avant. Un peu comme dans le conseil de Marie.
J’aime beaucoup la certitude que tu exprimes, @Séverine : « si vraiment il le faut, je peux revenir à ce que je faisais avant ». Cette confiance en soi vaut probablement tous les plans B car elle est intrinsèque. Et je pense qu’elle est libératrice. Alors bravo ! 😀
Merci @Miren. Ton point de vue rejoint celui d’Emilie Marie et je le cautionne !
Je comprends tout à fait ce que tu exprimes, @Caroline. Et c’est certain que j’aurais aussi du mal à revenir durablement en arrière. Mais je me dis qu’en cas d’échec, ça permet de se « refaire » moralement et financièrement. Avant de retenter sa chance, bien sûr ! 😉
Merci beaucoup pour ton retour enthousiaste et très complet, @Eirene. Effectivement, il ne faut pas que le passé devienne un frein à nos velléités de changement.