
La citation d’Albert Camus de cette semaine parle de changer de métier, l’une des principales variantes de changer de vie. Et celle que j’ai choisie jusqu’ici !
Lorsque j’ai décidé mi-2019 de prendre une année sabbatique, c’était avant tout parce que je voulais prendre mes distances avec mon boulot. Temporairement, au moins.
Certes, c’était aussi l’occasion de me ressourcer, de passer plus de temps avec mes proches. De me former à des tas de choses qui m’intéressaient et pour lesquelles je n’avais « pas le temps ».
Mais à la base, l’étincelle de la décision est venue d’un ras-le-bol. D’une difficulté croissante pour moi à composer avec un manque de liberté et d’autonomie dans mon poste de cadre. Je n’ai pas honte de le dire !
Ce que je n’avais pas prémédité, c’est que je me suis rapidement mis en tête de me prouver que je pouvais encore changer de vie à 40 ans. A commencer, donc, par changer de métier.
L’avertissement d’une citation d’Albert Camus
Cette citation d’Albert Camus aurait alors dû m’alerter sur un aspect que j’ai sous-estimé :
Changer de métier n’est rien, mais renoncer à ce qu’on sait, à sa propre maîtrise, n’est pas facile.
Albert Camus
Avec du recul, je reconnais en effet que l’auteur de La Peste met le doigt sur un point sensible. Car lorsqu’on est « mûr », il n’est effectivement pas si difficile que ça de quitter son emploi.
Et il ne l’est pas beaucoup plus d’apprendre un nouveau métier, pour peu qu’on l’ait choisi avec soin. A l’issue d’une réflexion sérieuse, qui nous assure qu’il correspond vraiment à ce que nous sommes. Et à ce que nous voulons faire au fond de nous.
Certes, si l’on change complètement d’activité, il faudra se former, parfois longuement. Mais si on est motivé et que l’on aime ça, ça n’est pas un souci. Renforcer des compétences utiles, c’est rarement désagréable !
En revanche, j’ai réalisé assez rapidement que « repartir de zéro » comportait son lot d’effets secondaires. Parmi eux, la drôle de sensation de redevenir un débutant…
Camus a tout à fait raison d’alerter sur ce point. Quand on change de métier, on ne maîtrise plus.
On hésite devant pratiquement toute tâche en apparence anodine. Se sent nul par rapport à d’autres élèves qui ont quelques mois d’avance. On ne sait plus…
Je ne dis pas que c’est un problème fondamental. J’y vois même plutôt un côté rafraîchissant, un petit aspect « cure de jouvence ». Même si je ne suis pas retourné sur les bancs de l’Université. 😉
Mais quand on ne l’a pas anticipé, ça surprend. Et je peux comprendre que certains ne le vivent pas toujours très bien (après tout, j’aime généralement avoir le contrôle sur tout ce que je fais).
Sans maîtrise, l’autorité n’est rien
J’ajouterai un point qui en découle : on ne sait plus, mais on n’a plus non plus d’autorité. Pour un cadre, celle-ci provient généralement de sa formation, voire de son diplôme.
Puis de son expérience professionnelle. Or, en changeant de métier (et non pas seulement de poste), on perd généralement l’un et l’autre.
Si tu es manager et que ta responsabilité principale est de superviser tes collaborateurs, tu as pris l’habitude de donner des directives. Même si ton style est plutôt participatif.
Si tu te mets à ton compte, du jour au lendemain, il n’y aura plus personne pour les recevoir ! Tu devras réapprendre à faire par toi-même. Et tu découvriras que « convaincre » est un petit peu plus compliqué quand on n’a pas les galons. 😉
Là non plus, rien de rédhibitoire. Le bonheur de retrouver du sens à ce que l’on fait l’emporte largement sur ce « déclassement ».
Mais il n’empêche qu’Albert Camus a selon moi raison : ce n’est pas facile et il vaut mieux l’intégrer en amont dans ta réflexion. D’ailleurs, une autre citation d’Andy Grove t’incite à considérer qu’aucun changement de carrière ne sera facile.
Avais-tu déjà identifié cette difficulté potentielle ? Penses-tu qu’elle se concrétisera dans ton cas ? Ou au contraire, vois-tu d’un bon œil de prendre un nouveau départ, avec tout ce que cela comporte ? Raconte-nous dans les commentaires ! 👇
Effectivement, le grand problème est que de nombreux emplois «traditionnels»
limitent notre liberté et notre autonomie. 😒
Cela pourrait être bien acceptable lorsqu’on est jeunes et inexpérimentés.
Mais avec le temps, entrer dans un cadre trop étroit devient plus en plus compliqué.
L’expérience accumulée nous permet de créer notre propre vision des choses
et d’improviser, mais dans la plupart des cas, toutes nos initiatives sont bloquées
par des « réglés à respecter », même si elles ne sont plus efficaces.
Ton expérience sur l’habitude de donner des directives me parle également. 😉
En débutant une nouvelle activité, on se retrouve tout en bas de l’échelle et il faut beaucoup d’efforts pour gagner en autorité au nouveau.
Ton exemple qu’on peut change notre vie, retrouver du sens et acquérir de nouvelles compétences si on est motivé est très encourageant, merci beaucoup ! 🤓
Merci pour ce témoignage très personnel de ce que l’on peut ressentir lors d’un grand chambardement comme celui de toute une vie… Préparer ce genre de virage de vie ne doit pas seulement se cantonner aux aspects matériels (revenus, activités, …) mais aussi sur le plan psychologique. Merci pour ta transparence Alexandre.
Très juste cette expression d’Alger Camus. Merci à toi Alexandre pour ces partages pertinents.
Merci pour le partage, je comprends effectivement bien ton sentiment. Cela fait 4 fois dans ma carrière que je change de domaine et de type d’emploi. Je suis accroc à me lancer de nouveaux défis, je pense. Ce que j’ai compris avec les années c’est que le besoin d’aide et d’apprendre pour accomplir des choses hors de notre zone de confort lorsque l’on recommence nous apporte bien plus que ce que l’on a perdu. Il nous donne l’ouverture d’esprit, l’humilité, l’écoute. On comprend mieux l’importance de la collaboration et de l’entraide et de l’empathie … Je pense que le futur de l’emploi est un lieu où toutes ces valeurs seront la base. Alors j’encourage tout le monde à se lancer et apprendre à apprendre. Être capable de se rebâtir et de reconstruire est un art et plus on le fait et plus on se rend compte que le plus important c’est les relations humaines.
Albert Camus est un auteur que j’apprécie beaucoup, c’est vraiment intéressant de prendre une citation est de voir avec humilité comment elle correspond à ce que tu vis! J’aime beaucoup l’idée !
Au plaisir de lire d’autres articles 🙂
Je ne connaissais pas cette citation mais, effectivement, elle est pleine de sens. Déjà avec toutes les compétences que j’ai accumulées dans mon job actuel, je me demande parfois si on ne me surestime pas. Du coup, redémarrer de zéro dans un autre domaine apporte son lot du « syndrome de l’imposteur ». Mais, comme tu le dis, la joie d’apprendre de nouvelles choses et de se créer la vie de ses rêves surpasse ces difficultés. Merci pour les réflexions que cet article m’apporte!
Tu résumes parfaitement la situation, @Oxana ! 🙂 Merci pour ton commentaire.
Tout à fait, @Nicolas : la préparation est clé, dans toutes ses dimensions.
Avec plaisir, @Emmanuel.
Ah oui, à ce niveau-là, ça devient une passion, @Isabelle ! 😉 J’aime beaucoup ta vision et je pense qu’effectivement, l’expérience d’un changement de vie nous aide à développer des compétences précieuses.
Merci pour ton retour, @Angélique. Et content que ça te plaise ! Ce format me permet d’associer mon goût des citations à mon intention de transmettre l’expérience de mon changement de vie.
Oui, c’est vrai, on peut associer un syndrome de l’imposteur à l’impression d’être nul, @Amandine. Je suis très content si cet article a favorisé des réflexions intéressantes pour toi, c’est bien mon but ! 😊