J’en conviens.
Changer de vie peut vite s’accompagner d’anxiété et de la crainte d’un échec retentissant.
Pourtant, tu as su déjouer les 10 poisons capitaux du changement ?
Pas de panique ! Je vais te montrer un outil qui va t’aider à aller de l’avant : la courbe du changement. Elle est basée sur les étapes du deuil selon Kubler Ross.
Sommaire ➡️
Changer c’est perdre quelque chose
Nous l’avons vu, l’un des écueils fatals à tout projet de changement, c’est de nier la nécessité même de changer. Mais c’est à vrai dire un raccourci un peu facile…
Tu es déjà convaincu que la vie est faite de changements, auxquels il ne sert à rien de s’opposer ? Parfait ! Mais ce n’est souvent que le début.
Savoir, vouloir et pouvoir sont trois étapes bien distinctes : il faut que tu saches que tu dois changer quelque chose, puis que tu le veuilles vraiment, enfin que tu puisses le faire. Si on prend l’exemple du changement qui consiste pour un fumeur à abandonner la cigarette :
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il faut qu’il sache quels sont les dangers du tabac
-
sa motivation doit être suffisante pour surmonter son addiction
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il lui reste encore à trouver la solution (patches, cigarette électronique, hypnose…) qui l’aidera à jeter son dernier paquet
Or, tout changement contient la perte de quelque chose présent dans l’état initial, notre “vie d’avant”. Cette perte peut entraîner plus ou moins de souffrance.
Si l’on parle du décès d’une personne proche, il est évident que savoir qu’elle n’est plus là et qu’il faut l’accepter ne permettra pas dès le lendemain de vivre comme si de rien n’était. Il faut vouloir et surtout pouvoir reprendre goût à la vie.
Il faut le temps de faire son travail de deuil.
Les étapes du deuil : un modèle formidable
Fort heureusement, tous les changements ne sont pas aussi traumatisants que le choc de la mort d’un proche. A fortiori lorsqu’il s’agit de changements que l’on décide par soi-même.
« Alors comme j’ai décidé moi-même de changer de vie, il n’y a aucun lien avec un deuil, n’est-ce pas ? » Erreur de débutant…
Même dans ce cas, il est classique de connaître de la souffrance et de passer par une succession de phases propres à ce que l’on appelle “la courbe du deuil”.
Ces phases du deuil font partie d’un modèle proposé à la fin des années 1960 par la psychiatre suisse Elisabeth Kübler-Ross.
Conçu initialement pour des malades en fin de vie, ce processus a par la suite été appliqué à des situations très différentes :
- les étapes du deuil amoureux
- un projet de réorganisation dans les entreprises
- plus largement tout projet de changement. On parle alors souvent de “courbe du changement” plutôt que de courbe de deuil.
Voici donc les émotions ressenties selon ce modèle suite à l’annonce d’une perte :
On parle du modèle DABDA, selon l’acronyme anglais (Denial-Anger-Bargaining-Depression-Acceptance).
Voyons maintenant ce qui caractérise les phases du deuil.
Phase du deuil n°1 : le déni
A ce stade, le choc de l’annonce de la perte est encore vif. La réaction traditionnelle est alors de refuser de comprendre la réalité. De préférer croire qu’il y a erreur.
Si cette réaction de défense est naturelle en cas de traumatisme, le danger est de la laisser perdurer. Et surtout de refuser l’évidence même devant des preuves.
Car tant qu’on refusera de reconnaître la réalité pour ce qu’elle est, nos actions et nos décisions risqueront fort d’aller dans tous les sens et de n’avoir aucune efficacité.
Cette phase correspond au premier des 10 poisons capitaux. Je te renvoie donc à l’article en question pour en savoir plus sur l’impact négatif qu’elle peut avoir sur ton projet de changement.
Phase de deuil n°2 : la colère
Une fois la réalité et la douleur de la perte acceptée, il est fréquent d’entrer en résistance. De réagir avec de la colère face à ce qui peut sembler être une injustice. C’est la deuxième étape du deuil et cette colère peut être tournée vers la recherche de plein de “coupables” :
-
l’objet de la perte lui-même s’il s’agit d’un défunt
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les circonstances ou les personnes à l’origine du changement
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les personnes qui n’ont pas pu empêcher la perte (par exemple des médecins qui n’ont pas pu empêcher le décès d’une personne)
-
soi-même si l’on se sent responsable de la situation et cultive la culpabilité
- le monde entier, dans le pire des cas…
Elle provient souvent de l’absence de réponses aux questions que l’on se pose. Il est donc essentiel de chercher autant que possible à obtenir ces réponses.
Du côté des promoteurs du changement, c’est une période cruciale pour informer et communiquer sur son contexte et son contenu.
Même si les mots pourront alors dépasser les pensées, cette réaction, de même que celles des autres phases, est normale et doit être acceptée. Mais il ne faut pas se laisser dominer trop longtemps par ses émotions négatives. Si tu y es sujet, la pratique de la méditation peut t’aider à reprendre le contrôle.
Phase du deuil n°3 : le marchandage
Dans cette phase, la réalité est reconnue pour telle et la colère consommée. Mais la frustration prend le dessus et une autre forme de déni fait son apparition.
Elle consiste à penser qu’il est encore possible de négocier les termes du changement. Souvent de façon irrationnelle.
Objectif : revenir à l’état initial ou du moins fixer ses conditions. Ce qui peut parfois prendre la forme d’un chantage.
Quelque part, il s’agit d’une réaction à retardement, à travers laquelle la personne se dit qu’elle aurait pu empêcher la perte et qu’il est peut-être encore possible de revenir en arrière. Ou du moins d’atténuer les conséquences de la perte.
Phase de deuil n°4 : la dépression
A ce stade, le côté irréversible de la perte est enfin reconnu. Et donc l’incapacité à y changer quoi que ce soit. Ce qui plonge à la place la personne dans un état de grande tristesse, de remise en question qui peut aller jusqu’à un état dépressif.
Cette émotion peut également s’alimenter d’un sentiment d’isolement : la personne endeuillée est toujours affectée par la perte, qui lui enlève à ce stade le goût de beaucoup de choses. Alors même que d’autres personnes autour d’elle ont repris le cours normal de leur vie et ne représentent donc plus des points d’appui pour elle.
Cette étape, couramment associée au deuil, est probablement la plus désagréable. Mais elle est indispensable pour basculer vers la phase ascendante de la courbe. Celle où tu te tournes vers l’avenir.
Et tout est question de raison : si cette dépression dure trop longtemps, elle risque de devenir le signe d’un deuil pathologique. Souvent, il faut accepter de se laisser aider et guider pour franchir cette période.
Phase du deuil n°5 : l’acceptation
A un moment, seul ou grâce à un soutien, on finit par trouver les ressources pour faire face à cette perte, se résigner puis vite se remobiliser.
Et, peut-être pour combler le vide, il est alors fréquent de faire des expérimentations, de s’engager dans de nouvelles activités. Une façon comme une autre de reprendre pied dans le quotidien et de se mêler à nouveau aux autres ! Pourquoi pas d’entamer une nouvelle relation ?
A ce stade, les encouragements de notre entourage seront précieux pour nous inciter à persister sur ce chemin. Car la peur peut à nouveau être présente, mais cette fois la peur de la nouveauté.
La réalité enfin acceptée, il est possible de se tourner vers le futur et de se reconstruire. La perte n’est pas oubliée mais, moins douloureuse, elle peut maintenant être intégrée dans le cours de la vie. Et évoquée, souvent avec tristesse, mais sans douleur excessive.
Des modèles plus élaborés que les 5 étapes du deuil
Le modèle original DABDA du Dr. Kübler-Ross définit donc un processus de deuil en 5 étapes. Mais il est fréquent de voir plus d’étapes dans les modèles qui en dérivent pour décrire la courbe du deuil.
Ainsi, l’étape de Marchandage n’apparait parfois pas. Elle est alors intégrée dans l’étape de Colère ou celle de Dépression.
A contrario, trois nouvelles phases peuvent apparaitre :
- Douleur / Culpabilité entre le Déni et la Colère
- Résignation / Test / Essai / Expérimentation entre la Dépression et l’Acceptation
- Reconstruction / Renouveau / Sérénité après la phase d’Acceptation
Les deux premières sont essentiellement une question de frontières et ne changent pas grand’ chose au modèle initial, de mon humble point de vue.
Plus intéressant, dans la phase de Reconstruction / Renouveau / Sérénité, on intègre que le changement était inéluctable, qu’il fallait l’engager. Et la force des changements réussis, c’est qu’on commence à y entrevoir des aspects positifs insoupçonnés.
Qui finissent par faire sortir du cycle du deuil avec un niveau d’énergie émotionnelle supérieur à celui de notre “vie d’avant”. On ressent à nouveau de la joie. Ce qui semble souvent purement impossible au début du processus.
Il est donc fréquent d’entendre parler des 7 étapes du deuil, mais celles-ci diffèrent souvent dans le détail selon les auteurs. A la différence du cycle du deuil théorique en 5 étapes, bien plus stable autour du modèle DABDA.
Dans la vidéo ci-dessous, très complémentaire, tu trouveras un exemple de modèle plus élaboré de courbe de transformation en 8 étapes :
Quelle durée pour faire ce travail de deuil, demanderas-tu ? Difficile à dire… On trouve mention de durées de l’ordre de 6 mois à 2 ans pour le deuil consécutif à une séparation brutale.
Cette variabilité n’a rien d’étonnant : ce sont essentiellement les ressorts psychologiques de chacun qui sont en jeu. Les plus résilients d’entre nous encaisseront plus vite le coup.
Et l’importance ressentie de la perte sera aussi déterminante. On peut penser que les durées évoquées ci-dessus lorsqu’il s’agit d’un défunt sont parmi les plus élevées.
Utilise les étapes du deuil pour changer plus vite
Te voilà désormais plus familier, je l’espère, avec les différentes étapes du deuil, ou de la courbe du changement.
Il est important de savoir que chaque phase du deuil est naturelle et indispensable. Et que connaître leur enchaînement et savoir qu’il y a toujours une issue peut t’aider de façon incroyable à franchir le cap et avancer.
Si tu cales dans ton projet de changement, commence donc par te demander si tu as clairement identifié et reconnu les pertes qui y sont liées.
Quand c’est le cas, essaie de te situer sur la courbe : à quelle étape te trouves-tu ? Y es-tu depuis trop longtemps, es-tu bloqué ? Comment faire ce deuil ?
J’espère que cet article te sera utile. Comme d’habitude, n’hésite pas à me faire part de tes commentaires ci-dessous. Ainsi que des autres sujets que tu souhaiterais que j’aborde dans ce blog.
Et si tu es un cadre résigné à mi-carrière, je te propose de t’aider à réaliser qu’une autre vie est possible, plus en phase avec tes valeurs et avec tes talents. Rejoins gratuitement une communauté de cadres qui te tireront vers le haut, en cliquant ici :
Pour finir, je te soumets ces mots puissants de France Gall en 2015 :
« On ne peut pas empêcher la peine, le chagrin. Il faut les vivre, mais ça doit durer un temps, le temps du deuil. Après, il faut sortir de ça. Pourquoi je continue à être triste ? , Est-ce que c’est ça qu’on attend de moi ? , Est-ce je vais me cacher derrière ma tristesse toute ma vie et ne rien faire ? Non. Et puis on se dit aussi : Tout ça n’est pas ma faute. Ce sont des choses qui arrivent, c’est la vie qui a décidé ça. Donc, je ne vais pas me traîner un chagrin toute la vie. Je vais justement transformer ça en quelque chose de positif, qui va me faire avancer. »
Bonjour . Après un burn out, je ne m’attendais pas à être si mal, aussi longtemps. Votre vidéo retrace exactement ma descente aux enfers. Je me trouve actuellement en phase d’intégration selon la courbe. J’aperçois le bout du tunnel. Le point B se dessine au loin. Je retrouve une énergie insoupçonnée et reprends goût à la vie. . Merci pour cette aide qui me redonne confiance en moi. Mille fois MERCI. Belle journée ensoleillée 🌞
Merci à vous pour votre commentaire, Véronique : c’est exactement ce qui me fait vibrer dans mon activité de blogueur et je suis vraiment ravi d’avoir contribué à égayer votre journée ! 🙂 Toutefois, pour rendre à César ce qui lui appartient, la vidéo a été réalisée par Aysseline de Lardemelle, vous pouvez accéder à sa chaîne YouTube en cliquant sur le logo sous la vidéo. Je vous souhaite de tout cœur d’atteindre maintenant très vite le point B et d’en sortir grandie !