Interview Marie-Agnès Bricq – Comment Valoriser un Congé Sabbatique en Entretien ?

Portrait de Marie-Agnès Bricq, consultante associée chez Alerys
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Le congé sabbatique est un véritable suicide professionnel.

As-tu déjà entendu cette affirmation péremptoire ? 😉 Peut-être même t’a-t-elle convaincue que tu devais abandonner ton rêve… Mais qu’en est-il réellement ?

Dans cette nouvelle interview audio, Marie-Agnès Bricq, consultante associée au cabinet de conseil en Ressources Humaines Alerys, partage avec moi son regard éclairé de recruteur sur le congé sabbatique.

Elle nous donne d’abord ses impressions sur le nombre de candidats franchissant le pas et leur profil. Elle nous explique ensuite que de son point de vue, une année sabbatique n’est pas du tout un « trou dans le CV ». A condition de lui donner du sens et d’oser en parler et la valoriser lors d’un entretien ultérieur.

Sauf à se laisser porter par le temps et ne rien faire de cette année, ou à l’avoir prise uniquement pour fuir son environnement professionnel, il s’agit pour elle d’une année bien employée et qui peut te rendre plus employable ! En développant des compétences que ni l’école, ni ton entreprise ne t’apprendront.

Enfin, Marie-Agnès explique qu’aucune de ses entreprises clientes n’a exprimé d’a priori négatif sur un candidat ayant pris un congé sabbatique. Plus que la taille de l’entreprise, c’est probablement la prise en compte de la Qualité de Vie au Travail (QVT) qui fait la différence entre des employeurs qui percevront les avantages de ce dispositif… et les autres !

D’autres recruteurs partagent ce point de vue qu’une année sabbatique n’est plus rédhibitoire dans un CV, pour peu que l’on sache expliquer son projet et montrer qu’on en a retiré quelque chose d’utile. De quoi balayer cette idée reçue et te remettre du baume au cœur ! 🙂

Plonge toi avec moi dans cet entretien captivant !

0’00 : Marie-Agnès Bricq, l’œil du recruteur sur le congé sabbatique

Alexandre Willocquet: Aujourd’hui, dans le podcast 11 Mois pour Changer de Vie, je reçois Marie-Agnès Bricq, qui est consultante associée chez Alerys, pour nous donner le point de vue du recruteur par rapport à une année sabbatique. Bonjour Marie-Agnès !

Marie-Agnès Bricq: Bonjour Alexandre.

Alexandre Willocquet: Alors Marie-Agnès, je vais d’abord vous passer la parole pour nous expliquer un peu qui vous êtes, ce que vous faites. Je pense que ça peut intéresser les auditeurs. Et puis après, j’ai plein de questions que je souhaiterais aborder avec vous sur votre point de vue par rapport à une année sabbatique. Mais je vous laisse d’abord vous présenter !

1’07 : Présentation Marie-Agnès Bricq

Marie-Agnès Bricq: Merci beaucoup. Merci de m’avoir conviée à répondre à ces questions. Donc, je suis associée dans un cabinet de recrutement. Cela fait bientôt 16 ans que j’ai rejoint cette structure. Nous intervenons principalement sur des missions de chasse de tête, sur des recherches plutôt d’experts ou de managers, dans le domaine industriel et notamment dans le domaine de la santé. Avant cette expérience-là, j’ai travaillé dans un grand groupe dans l’industrie agro-alimentaire pendant une dizaine d’années à peu près, et entre les deux, j’ai fait non pas une année sabbatique, mais j’ai consacré quatre années à faire un break professionnel en travaillant dans un domaine vraiment très différent, dans une petite activité dans le domaine du tourisme rural. Donc les virages professionnels, c’est quelque chose auquel je suis assez sensible.

Alexandre Willocquet: D’accord, parfait, merci pour ça. Donc en fait, pour bien clarifier, je ne sais pas si les auditeurs ont l’habitude de ce fonctionnement-là, mais comme vous le disiez, en fait vos clients, ce sont des entreprises, la plupart du temps, des structures qui cherchent un profil bien particulier. Et donc vous, en premier filtre, quelque part, vous recherchez d’abord et puis vous recevez des candidats et vous présentez un certain nombre, limité, j’imagine, de candidats à vos clients, c’est ça ?

Marie-Agnès Bricq: Oui, c’est ça. Notre travail, c’est effectivement d’abord d’identifier des candidats qui correspondent à la recherche, de les intéresser au sujet, puisqu’on est dans ce contexte d’approche directe de chasse. Et parmi ces personnes intéressées, de sélectionner des candidats qui sont conformes à ce que nos entreprises clientes nous demandent de trouver.

Alexandre Willocquet: Oui, parce que, comme vous le dites, effectivement, les personnes peuvent être et sont souvent d’ailleurs, j’imagine, en poste au moment où vous les approchez ?

Marie-Agnès Bricq: Tout à fait.

3’00 : Les sabbatiqueurs : quel profil ?

Alexandre Willocquet: Super ! Ce qui m’amène à ma première question, parce que l’intérêt justement dans cette démarche-là, c’est que vous voyez pas mal de profils de candidats. Alors il y a une question qui revient souvent : on trouve très, très peu de statistiques sur le congé sabbatique, ou même l’année sabbatique au sens plus large. Moi le seul chiffre que j’ai trouvé pour l’instant dans une étude de Voyage Pirates, qui remonte à 2017, c’est un chiffre qui parle de 10% de Français qui « auront pris un congé sabbatique à un moment donné dans leur carrière ». Vous, là-dessus, est-ce que vous avez un peu de recul ? Est-ce que vous avez un chiffre ou un avis sur ce chiffre-là ? Pour estimer un petit peu le nombre de personnes qui prennent un congé sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Alors, je n’ai pas non plus de statistiques sur le sujet. Ce que je vais vous livrer, c’est vraiment le reflet de mon expérience très intuitive. 10%, cela me paraît beaucoup. Je n’ai pas du tout l’impression d’avoir, sur 10% des CV que j’ai en mains ou 10% des candidats que je rencontre, ce type d’expérience. C’est plutôt rare. Le congé sabbatique, présenté vraiment comme congé sabbatique, c’est à dire : « je suis employé dans une entreprise et je demande un congé sabbatique à mon employeur », c’est quelque chose qui, pour l’instant, demeure assez rare, et sur les CV et dans les échanges avec les candidats. Ce qui se voit en revanche beaucoup plus souvent et de façon croissante, je dirais, ce sont les années de césure. Donc là, on est plutôt dans le domaine des étudiants qui font un break entre deux années. Ou bien ce qu’on appelle plutôt les gap years, c’est à dire faire une pause, soit entre les études secondaires et les études supérieures, après le bac, soit après les études supérieures avant de rentrer dans la vie active.

Alexandre Willocquet: Effectivement, le chiffre de 10%, c’est le seul que j’ai trouvé et bon, faute d’autres estimations, c’est celle à laquelle je me réfère. Mais c’est vrai qu’à titre personnel, je confirme qu’autour de moi, j’ai pas forcément l’impression non plus d’avoir 10% de mon réseau professionnel qui ait fait un congé sabbatique, donc votre réponse ne surprend pas trop. Mais c’est vrai que c’est surprenant, d’ailleurs, qu’il y ait pas plus de statistiques autour de ces dispositifs, qui sont parfaitement encadrés, enfin le congé sabbatique est parfaitement encadré, mais c’est compliqué d’avoir des chiffres… Merci pour ce retour. Si on reste un peu sur la notion de candidat au congé sabbatique, est-ce qu’il y a un « profil-type » du candidat au congé sabbatique dans les personnes que vous voyez ? Enfin, ce que je veux dire par là, de manière assez large,vous y avez partiellement répondu avec l’année de césure, qui concerne davantage les étudiants, mais est-ce que donc cela concerne plutôt des personnes qui sont en début de carrière, en milieu de carrière ? Pourquoi pas en fin de carrière, même si on imagine plus difficilement quelqu’un en fin de carrière prendre un congé sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Oui, alors fin de carrière, effectivement, ce n’est pas quelque chose que j’ai croisé. Bien sûr, il y a la typologie du début de carrière, soit juste après les études, soit on va dire après la première expérience professionnelle, donc on est sur des jeunes qui ont 2, 3, 4 ans d’expérience professionnelle. Souvent des jeunes d’ailleurs, qui souhaitaient faire un gap year à la fin de leurs études, qui ont préféré se dire « je profite d’être dans l’élan pour décrocher ma première expérience professionnelle, mais je n’ai pas oublié mon souhait de voyager – le plus souvent il s’agit de projets de voyages – et je fais une petite pause avant de poursuivre dans le développement de mon parcours ». Le deuxième profil assez classique, c’est, on va dire, le quadra ou la quadra, profil radicalement différent, des gens qui vont avoir 15 ou 20 ans d’expérience professionnelle et qui se retrouvent à un moment donné où les choses sont possibles. Elles sont possibles financièrement, elles sont possibles parfois parce que les enfants sont plus grands. Aussi parce que je suis dans une situation professionnelle plus stabilisée et où je me sens aussi plus en confiance, personnellement, pour me lancer dans ce genre de projet. Et puis, évidemment, ça correspond à des moments de vie où on peut avoir des vraies réflexions autour du sens, de « Où est-ce que je suis ? Qu’est ce que je veux faire de ma deuxième partie de carrière ? ». Voilà, c’est un petit peu des réflexions de milieu de vie !

Alexandre Willocquet: Très bien, merci. Et alors, une dernière question par rapport au profil du candidat. Je ne sais pas si c’est une tendance qui se dégage nettement ou pas, mais je pense que derrière une année sabbatique, il peut y avoir différentes options. Par principe, en tout cas, un congé sabbatique, on revient à son poste précédent ou un poste équivalent (parce que ce n’est pas toujours aussi simple que ça) : à travers les candidats que vous pouvez voir, est-ce que, d’une certaine manière, on peut dire que les personnes, effectivement, retournent majoritairement dans leur entreprise ? Ou est ce que vous voyez beaucoup de personnes qui, à l’issue de cette année sabbatique, ont complètement changé, finalement, décidé de mener un autre projet professionnel ?

Marie-Agnès Bricq: Là aussi, j’aurai du mal à me prononcer sur des statistiques. Clairement, je pense que les deux cas de figure existent. Ce qu’on peut dire, en tout cas, c’est qu’une année sabbatique, c’est un changement. La personne change. Et le système dans lequel s’intègre la personne change aussi. Ce qui signifie que quand on revient, on peut très probablement avoir envie de faire changer les choses dans son environnement professionnel. Ça peut évidemment se traduire par un changement d’entreprise. Ça peut se traduire par aussi un changement de projet professionnel complet et donc d’entreprise, parce que je veux faire autre chose. Ça peut évidemment aussi se traduire par un changement de poste au sein de la même entreprise ! Alors, bien sûr, le congé sabbatique est fait justement pour offrir le filet de sécurité : « je peux revenir à mon poste ou à un poste équivalent ». Bien souvent, c’est pour une période quand même d’assez courte durée, avant de passer à une suite différente de là où j’étais avant de partir. Ça c’est du point de vue de la personne. Ensuite, il y a aussi le point de vue du système, de l’entreprise qui accueille cette personne, qui a mis en place quelque chose, une structure, pour pallier à l’absence de son salarié. Qui retrouve un salarié différent, c’est évident. Et donc ça peut aussi être du côté de l’entreprise qu’il y a une incitation au changement de poste. Donc, clairement : on a un système en place, à un moment donné, on met une impulsion dedans qui est différente. En règle générale, au retour, il se passe quelque chose.

10’06 : Oser valoriser une année sabbatique en entretien

Alexandre Willocquet: D’accord. Oui, avec les différentes options que vous avez mentionnées. Très bien, c’est clair. Parfait. Donc là, on en sait un petit peu plus sur le profil des candidats au congé sabbatique. Maintenant, le point que je voulais aborder avec vous, c’est l’une des questions principales que se pose tout candidat au congé sabbatique, ou la crainte en tous cas, que beaucoup ont, c’est : « OK, si je prends un congé sabbatique ou une année sabbatique, je vais avoir un trou dans mon CV« , comme on dit. Et est-que ça ne va pas être défavorable au moment où (là, on a parlé d’un retour dans son entreprise, mais si jamais au retour, ou même plus tard d’ailleurs dans la carrière) la personne souhaite candidater en dehors de son entreprise ? Comment présenter cette année sabbatique ? Est-ce que ça peut être problématique ? Et donc, vous, en tant que recruteur, quand vous avez des candidats qui ont fait cette année sabbatique, cette gap year, comment vous le percevez et qu’est-ce qui peut faire la différence, finalement, entre un candidat qui va, quelque part, savoir valoriser ce congé sabbatique et quelqu’un qui peut, effectivement, se mettre un peu en difficulté avec cette année sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Pour moi, il y a une différence énorme, effectivement, entre une année sabbatique et un trou dans le CV. Et j’incite très, très clairement, toutes les personnes ayant pris une année sabbatique à la présenter, par écrit et par oral, à la valoriser – et je pense qu’il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet et je pense qu’on va en parler – plutôt qu’à laisser effectivement, un trou dans le CV qui, pour le coup, ne serait pas une façon intéressante de présenter les choses. En tant que recruteur, en fait, quand on a un CV, où il manque du temps entre deux expériences, par exemple, ou bien quand on a un CV où il est mentionné un congé sabbatique, dans les deux cas, on va aller explorer. Dans les deux cas, ça suscite la curiosité du recruteur. Dans le premier cas, dans le cas du trou dans le CV, on a une curiosité qui est plutôt de l’ordre « Où est le problème ? Il y a quelque chose qu’il faut aller chercher ici ». Je vais plutôt chercher un problème, tandis que quand on mentionne un congé sabbatique, mon prisme de recruteur, il est plutôt favorable – je parle du mien à titre personnel, mais je pense que c’est quand même assez partagé. Il est plutôt favorable, il est plutôt de dire : « Ah tiens, je suis curieuse qu’on me raconte un peu ce qu’il s’est passé pendant cette année sabbatique », mais j’arrive avec un a priori favorable.

Alexandre Willocquet: C’est important, cela veut dire qu’effectivement, quelque part, il ne faut pas avoir peur d’afficher qu’on a pris un congé, une année sabbatique. Parce que c’est vrai qu’on trouve un peu tout quand on regarde un peu, les différents avis qu’on peut trouver, alors sur Internet on trouve de tout, c’est évident. Mais vous avez des fois des personnes qui conseillent de ne pas le mentionner parce que, on y viendra peut être aussi par la suite, il peut y avoir des employeurs qui sont plus ou moins positifs, favorables par rapport à ce type de dispositif. Votre recommandation, dans tous les cas, c’est d’être transparent, d’afficher qu’il y a eu un congé sabbatique et d’être prêt à discuter parce que, comme vous le dites, il y aura des questions lors de l’entretien, évidemment, autour de cette expérience ?

Marie-Agnès Bricq: Tout à fait. Je pense que plus on prend l’initiative de la communication, que ce soit par écrit ou par oral, plus on saura la mettre en valeur et utiliser les bons mots pour raconter ce qui s’est passé et raconter ce que l’on a gagné dans cette expérience.

Alexandre Willocquet: Typiquement, qu’est ce qui peut faire la différence après, qu’est-ce qui, à la fin, peut faire que vous vous dites : « Tiens, là, quelque part, ça m’amène plus de doutes ou de questions par rapport à ce candidat qu’autre chose. » ?

Marie-Agnès Bricq: Ma conviction sincère, c’est que vraiment une année sabbatique ne peut être que bien employée. Mais une année bien employée et bien présentée en terme de valorisation, c’est être capable de montrer ce qui m’a servi à grandir. C’est à dire que cette année m’a servi à apprendre des choses. Et je pense que l’on apprend énormément de choses dans un contexte d’année sabbatique. On peut apprendre… d’abord on peut acquérir des compétences au sens vraiment des connaissances, des compétences, on peut par exemple apprendre à parler une langue, si on est à l’étranger. On peut acquérir des compétences en termes d’organisation, de montage de projets, de capacité à savoir rebondir dans l’urgence… On est dans des circonstances, très clairement, où on travaille énormément sur l’adaptabilité. On développe également très souvent des qualités d’ouverture, de curiosité, d’ouverture au monde qui sont très importantes. On a beaucoup de choses aussi à valoriser en matière de courage, de prise de décision. A un moment donné, si j’ai fait une année sabbatique, j’ai été capable de le décider et de le faire, de passer à l’action.

Alexandre Willocquet: Clairement.

Marie-Agnès Bricq: Et puis, ce sont des circonstances où on est tout seul. C’est à dire que par rapport à notre vie professionnelle où on s’insère le plus souvent dans une entreprise – là on parle de CV, on parle de salariés, donc on parle de personnes dans des entreprises – on n’est jamais complètement tout seul. On peut être dans une petite entreprise, dans une moyenne, dans une très grande, en tous cas on a toujours une équipe, un chef, des collègues, des personnes en dessous de nous, on n’est jamais complètement tout seul. L’année sabbatique, bien sûr on peut la vivre en famille, mais à un moment donné, c’est mon projet personnel et je vais puiser uniquement dans mes ressources à moi. C’est à dire que quand il y a une question qui se pose sur : « Dans pays je pars ? Comment je vais traiter cette situation avec un problème de visa ? Je suis malade à l’autre bout du monde… Ou bien si je suis resté en France et que je suis en train de travailler sur mon projet professionnel, de quelle façon est-ce que j’entreprends telle ou telle autre étape ? », dans toutes ces questions-là, c’est seul, moi vis-à-vis de moi. Qu’est ce que j’apprends là? J’apprends à compter sur moi-même et sur mes propres ressources. Et ça, ce sont des compétences qu’on apprend peu ou pas, ni à l’école, ni en entreprise. Et donc on s’enrichit vraiment, on grandit vraiment, en tant que personne, dans ce type d’expérience. Donc oui, complètement, un congé sabbatique peut être très bien employé et je pense qu’il est toujours bien employé.

Alexandre Willocquet: D’accord. C’est intéressant parce que c’est vrai que je n’avais pas personnellement vu les choses sous cet angle-là. C’est intéressant de voir ce côté un petit peu… de se retrouver seul et d’avoir effectivement plein de décisions à prendre par soi-même. Ça me fait juste penser, pour rebondir sur ce que vous disiez, effectivement, je vois, à titre personnel, j’ai été surpris : il y a beaucoup de personnes qui, lorsque j’explique mon projet, me disent « c’est courageux » et c’est ce que vous avez mentionné à un moment. Et en fait, je pense que, dans mon cas et je pense dans le cas de beaucoup de personnes qui prennent un congé sabbatique, on ne le voit pas forcément comme ça au moment où on prend la décision. Parce que, bien sûr, on pèse le pour et le contre. Mais quelque part, on a quand même l’impression de faire un choix pour soi – des fois peut-être même un peu égoïste quelque part, ça peut donner cette impression-là – et c’est vrai qu’on ne voit pas forcément ça, au point de départ, comme quelque chose de courageux, mais c’est quelque chose qui revient souvent, donc c’est intéressant que vous le mentionniez aussi.

Marie-Agnès Bricq: Oui, tout à fait. Je pense que – effectivement, comme vous dites, vous l’avez expérimenté vous-même – , je pense que la première fois qu’on se retrouve tout seul à décider, en particulier quand on sort de très grosses entreprises, où on a des lignes de décisions très longues, eh bien oui, c’est complètement différent. Et là, on apprend des choses. Et on apprend des choses que l’entreprise n’est pas capable de nous apprendre. Et quand on revient, pour ensuite repostuler dans une entreprise, on a des choses à raconter en la matière, qui différencient et qui sont très valorisables.

Alexandre Willocquet: Intéressant. Justement, autre question : donc je comprends bien, le congé sabbatique, il peut et d’après vous, il est toujours bien employé. Est-ce quelque part (parce que c’est quelque chose qu’on entend également), il peut rendre plus « employable » ? Derrière ce que vous venez de dire, je suppose que oui, mais ce que j’entends par là, c’est effectivement, est-ce que les compétences qu’on va développer de manière soit volontaire (si l’on part sur des formations ou des projets qui vont permettre de développer ces compétences), soit de manière plus indirecte (comme vous venez de le mentionner, avec des compétences plus de type développement personnel, savoir-être, on va dire), est-ce que ces compétences-là peuvent effectivement, quelque part, favoriser derrière une mobilité professionnelle, comme vous le disiez y compris, d’ailleurs et en particulier au sein de l’entreprise, qui n’aurait peut-être pas été accessible pour une personne qui n’aurait pas pris une année sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Alors, oui, effectivement, avec tout ce que je viens de vous dire, oui, bien sûr, je considère que cela peut rendre plus employable, dans la mesure où je suis capable de valoriser ce que j’ai appris. Et ça c’est mon travail en tant que candidat. Si je suis candidat en externe, ou candidat interne d’ailleurs, c’est à moi de faire ce travail-là de valorisation. Et ça c’est quelque chose qui me surprend assez souvent, quand je rencontre des candidats qui ont fait, comme ça, une année de voyage ou une année consacrée à de la création d’entreprise, en tout cas, ces années sabbatiques, c’est que bien souvent, un petit peu comme comme vous venez de le dire à l’instant, ils ne se rendent pas compte eux-mêmes de ce qu’ils ont fait. Et ils sont un peu gênés d’en parler et ils ont plutôt envie de passer rapidement sur le sujet : « Oui, j’ai voyagé pendant un an ». « Ah bon? Mais qu’est ce que vous avez fait? Comment ça s’est passé ? C’était sac au dos ? Comment est-ce que vous êtes passé d’un pays à un autre ? Qu’est-ce que vous avez appris ? Qu’est-ce qui a été dur ? A quel moment est-ce que vous avez été en difficulté ? Quelles ont été les belles rencontres ? ». Il y a tant de choses à raconter, qui en plus sortent complètement du cadre habituel de l’entretien, donc qui sont une vraie bouffée d’oxygène pour l’interlocuteur… Il faut y aller ! Il faut raconter ces histoires-là, c’est quelque chose qui distingue les candidats, c’est quelque chose dont le recruteur se souvient. Et en matière de recrutement, faire en sorte que votre interlocuteur se souvienne de vous, c’est super important ! C’est faire la différence, quoi ! Et je pense vraiment que le travail de valorisation sur : « Qu’est-ce que j’ai appris ? De quelle façon est-ce que je suis différent ? Quels atouts j’ai développé de cette façon-là ? », c’est un travail qu’il faut faire, mais c’est un travail qui est extrêmement profitable.

Alexandre Willocquet: OK, donc c’est non seulement, si je résume, ne pas avoir peur de parler, de mentionner par écrit, à l’oral, l’année sabbatique, mais c’est également faire un travail en amont pour quelques part, en faire sa propre synthèse et être capable de mettre en avant, justement, tous les points que vous venez d’évoquer, c’est-à-dire toutes les compétences, finalement, qu’on a développé ou les situations atypiques dans lesquelles on s’est retrouvé.

Marie-Agnès Bricq: C’est ça. Il faut oser le valoriser, en fait.

21’18 : Un congé sabbatique peut-il être pris pour une fuite ?

Alexandre Willocquet: D’accord. Alors, là, on a parlé des aspects positifs et de la façon de bien présenter cette année sabbatique lors d’un entretien. Est-ce qu’il y a quand même des aspects dans un congé sabbatique, ou une année sabbatique, qui peuvent vous donner, en tant que recruteur, un a priori plutôt négatif ? Je vais prendre un exemple qu’on trouve fréquemment dans les idées reçues : certains candidats disent « Moi je ne peux pas prendre de congé sabbatique, parce qu’on va avoir l’impression que j’ai fui la réalité, j’ai fui les difficultés ». Est-ce que c’est effectivement des cas de figure qui peuvent se produire, est-ce que selon le projet et la façon dont il est présenté, ça pourrait amener à cette conclusion-là ?

Marie-Agnès Bricq: Je pense que c’est une réalité. Je pense que certains congés sabbatiques sont des fuites et que ce ne sont pas ceux qui se passent le mieux, malheureusement. Une réponse de fuite n’est jamais une bonne réponse. Ce qui serait très dommageable, c’est qu’un projet sabbatique de bonne qualité soit vu comme une fuite, simplement parce qu’un candidat ne serait pas capable d’en parler correctement. Et c’est vrai que le candidat qui n’a pas envie d’en parler, qui n’ose pas en parler, parce qu’il a l’impression qu’il peut donner cette image-là, risque de donner cette image alors que ça n’était pas vrai. D’où, une fois de plus, l’intérêt de prendre l’initiative de la communication sur le sujet, ce qui va effectivement, en principe, prémunir contre le risque de donner une image de fuite. Bon, ensuite, très clairement, il y a aussi des congés sabbatiques qui sont, en réalité, des fuites. Là, il y a une vraie interrogation à mener sur « Pourquoi je me retrouve dans cette situation ? Qu’est-ce que j’ai cherché à fuir ? Et de quelle façon, à un moment donné, je me remets en selle différemment. »

Alexandre Willocquet: Oui, parce que là, on a parlé, effectivement d’essentiellement la manière de valoriser ce qu’on a fait pendant l’année, mais je suppose qu’il y a un élément qui doit être important aussi, c’est quand on parle des motifs du congé sabbatique. Parce que souvent, ils sont multiples. Il peut y avoir des raisons, j’ai un exemple précis en tête, des personnes qui prennent un congé sabbatique pour s’occuper de personnes de leur famille, ça peut être le seul et unique motif, c’est possible. C’est quand même souvent, de par les discussions que j’ai pu avoir et dans mon cas, très clairement, c’est un ensemble de facteurs qui peuvent faire qu’à un moment donné, on se dit qu’on a envie de prendre un congé sabbatique. J’imagine que, quelque part, quand on aborde ça en entretien, si on commet l’erreur, quelque part, de focaliser sur le côté « ras le bol de ceci ou cela », mais pourquoi pas de son poste précédent, ça peut alimenter cette idée de fuite et d’un congé sabbatique, finalement, peut-être pas forcément bien réfléchi et du coup, derrière, peut-être pas très bien utilisé ?

Marie-Agnès Bricq: Exactement. Et effectivement, là aussi, on est dans ce travail de valorisation, c’est à dire que l’idée, ça va être plutôt de parler de ce qui attire ailleurs et de ce qui a donné des envies, plutôt que de ce qui n’allait pas et de ce qui a poussé dehors, voilà.

Alexandre Willocquet: Oui, bien sûr.

Marie-Agnès Bricq: C’est un travail de marketing. Il y a un peu de ça aussi, c’est certain. Ensuite, de soi à soi, je pense que s’interroger sur : « Est-ce qu’il y avait une partie de fuite ? Est-ce que je fuyais, partiellement, mon emploi ? Est-ce que je fuyais, partiellement, un collègue, une équipe ? Est-ce que mon employeur ne m’apportait pas, effectivement, le sens que je recherche ? », ce sont des vraies questions qu’il faut se poser et qu’il faut essayer d’affronter avec lucidité. En cours de congé et quand on commence à préparer son retour.

25’06 : D’autres erreurs à ne pas commettre

Alexandre Willocquet: D’accord, très clair, merci. Et si on reste sur le côté « les erreurs qu’on peut commettre en prenant ou pendant un congé sabbatique », est-ce que vous voyez d’autres erreurs à ne pas commettre, justement, pendant cette année sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Je dirais… Je ne pense pas que le risque soit très grand, parce que, en règle générale, quand même, quand on se lance dans un congé sabbatique, on a un projet… mais l’erreur à ne pas commettre, ce serait de ne rien en faire ! C’est à dire de simplement se laisser porter par le temps, qui défile quand même vite. Tout ce qui a du sens ne pose aucun problème. Les problèmes viennent dès qu’on perd du sens. Donc, effectivement, un congé dont on ne saurait pas pourquoi on l’a pris et dont on ne sait pas quoi faire, oui, probablement conduirait à un retour difficile et à des explications qui seraient difficiles à donner à l’issue. Donc je pense que vraiment, le conseil, c’est de donner du sens à l’action. Garder le contact avec son employeur, ça ne nuit pas ! En tout cas, tant qu’on ne sait pas ce qu’on veut faire de son retour. Si on a des certitudes sur le retour et sur l’absence de retour, par exemple, la question se pose différemment. Mais à partir du moment où, soit on est à peu près certain de vouloir revenir dans l’entreprise, soit on ne sait pas si on voudra ou pas y revenir, je pense qu’il est de bon ton de conserver un contact régulier. Un petit coucou de temps à autre, prendre des nouvelles des collègues… J’enfonce des portes ouvertes, mais me paraît important.

Alexandre Willocquet: Je pense que c’est effectivement important et je ne suis pas sûr qu’on y pense toujours. Parce que c’est vrai que quand on prend un congé, quelque part, ça peut être vraiment par envie de faire une coupure claire, nette, précise. Donc il peut y avoir cette tentation de ne plus du tout prendre de nouvelles, ou d’en donner d’ailleurs. Après je pense qu’à travers les collègues, déjà, ça peut permettre de se maintenir au courant de ce qui se passe. Mais il y a un point qui me semble aussi important, si on se projette sur un retour dans l’entreprise – et je pense probablement plutôt dans les grosses structures – c’est qu’il faut aussi qu’on pense à vous, quelque part, parce que c’est « le même poste ou un poste équivalent ». Et de temps en temps, le poste a été pris par quelqu’un d’autre et ça va se retrouver sur un poste équivalent. Et je pense qu’il y a un risque, si on ne se manifeste pas, qu’on ne se rappelle pas de temps en temps au bon souvenir de son employeur , eh bien d’avoir un retour peut-être un petit peu plus compliqué, une période d’adaptation au retour parce que, quelque part, peut-être que le retour n’aura pas été bien préparé ?

Marie-Agnès Bricq: Complètement d’accord. Et le fait de conserver le lien, c’est aussi une possibilité de garder un peu la température de ce qui se passe dans l’entreprise, dans l’équipe, et de ne pas, effectivement, être totalement en décalage quand on revient.

Alexandre Willocquet: Oui parce que ça peut durer jusqu’à 11 mois pour un congé sabbatique, il peut se passer pas mal de choses en 11 mois, effectivement…

Marie-Agnès Bricq: Tout à fait !

28’08 : Qu’en pensent les entreprises ?

Alexandre Willocquet: Très bien. J’aurais peut-être une dernière question à aborder avec vous. Là, on a parlé un petit peu du point de vue recruteurs et employeurs. Justement, sur les employeurs, donc vos clients, est-ce que vous diriez qu’il y a des différences de perception (en dehors de tout ce qu’on a pu dire précédemment) par rapport au congé sabbatique ? Ce que veux dire par là : est-ce qu’il y a des entreprises qui y sont plus favorables que d’autres ? Est-ce que vous avez des clients, parfois, qui, lorsque vous mentionnez que vous avez un candidat intéressant, mais qui a pris une année sabbatique, est-ce que ça arrive d’avoir des personnes en face qui disent: « Ah non, moi, ça, je me méfie de ce type de profil-là ! ». Est-ce que vous voyez des différences nettes entre entreprises par rapport au congé sabbatique ?

Marie-Agnès Bricq: Je ne peux pas dire que je vois des différences nettes de ma lucarne à moi. D’une façon générale, dans mon travail de recruteur, peut-être à cause de mon histoire, j’ai toujours été sensible aux parcours un petit peu atypiques, aux situations un peu différenciantes. Et les clients avec lesquels je travaille le savent. Et je pense qu’ils travaillent aussi avec moi pour cette raison-là, parce que je ne m’interdis jamais de leur présenter des candidats un petit peu différents. Et je n’ai jamais eu de frein à cet égard, en travaillant avec des TPE, en travaillant avec des PME et en travaillant avec de grands groupes. Pour moi ça n’a pas été trop un souci. De façon très générale, il est certain que c’est un petit peu plus facile dans les grandes entreprises, parce que le remplacement temporaire d’une personne dans un grand groupe, au milieu d’une équipe, ça va être un peu plus facile de trouver quelqu’un qu’on pourra déplacer, qu’on pourra mettre à disposition sur le poste, etc. Je pense que beaucoup d’entreprises aujourd’hui sont dans une réflexion autour d’encourager leurs salariés à réfléchir au sens de leur travail. Et beaucoup d’entreprises aussi sont sensibles au fait qu’il est important qu’elles aident leurs bons éléments à grandir et à se faire plaisir. Et dans ce contexte-là, il y a beaucoup de cas. Par exemple, une entreprise a intérêt à encourager un salarié dans ce genre de voie si elle pense que c’est ce qui va être important pour lui, pour retrouver du sens, plutôt qu’il ne quitte l’entreprise et qu’elle le perde définitivement. Je pense qu’il y a de plus en plus d’entreprises aujourd’hui qui sont dans ces réflexions-là autour de : « De quelle façon est-ce que je peux fidéliser mes salariés ? Qu’est-ce que je peux encourager pour les garder plus longtemps ? ».

Alexandre Willocquet: Finalement, ça rentre complètement dans des démarches de type « Qualité de Vie au Travail » ?

Marie-Agnès Bricq: Exactement.

Alexandre Willocquet: Je ne veux pas dire par là qu’une politique de Qualité de Vie au Travail doit reposer uniquement sur des départs temporaires de l’entreprise ! Mais je pense qu’effectivement, à travers tout ce que vous venez dire, je retrouve beaucoup de thèmes : « retrouver du sens dans son travail, bien se positionner, mieux se connaître, etc ». C’est vrai que c’est des choses qu’on cherche à mettre en avant à travers la Qualité de vie au travail. Ça peut être une des solutions, évidemment pas la seule, à mettre en avant ?

Marie-Agnès Bricq: Tout à fait. Et je pense effectivement que, peut-être, le critère il se pose là. Plutôt que de mettre d’un côté les petites entreprises et les grandes, ce serait plutôt de se dire les entreprises, effectivement, qui ont une réflexion autour de la Qualité de vie au travail et celles qui ne l’ont pas. Mais celles qui l’ont peuvent être des toutes petites entreprises, certaines startup, bien sûr. Ça peut aussi être de très grandes entreprises. C’est plus une question de culture d’entreprise que de taille d’entreprise. Ensuite, c’est aussi très « personnel dépendant », et donc ça va aussi beaucoup dépendre du manager de l’équipe dans laquelle on est.

Alexandre Willocquet: Bien sûr, également. OK, super, merci beaucoup pour toutes ces réponses ! Je pense que ça nous a permis de bien cerner, d’avoir un point de vue en tout cas, celui d’un recruteur, sur le congé et l’année sabbatique. Marie-Agnès, merci beaucoup pour toutes ces réponses et je vous souhaite une très bonne journée.

Marie-Agnès Bricq: Merci beaucoup, Alexandre.

Alexandre Willocquet: Marie-Agnès Bricq était donc l’invitée du podcast 11 Mois pour Changer de Vie. J’espère que l’épisode t’a plu, qu’il t’a intéressé. Tu peux me l’indiquer dans les commentaires en dessous de l’article. Et n’hésite pas non plus à partager ce podcast sur tes réseaux sociaux, pour en faire profiter d’autres personnes. Si tu veux soutenir cette émission, ce serait super si tu pouvais lui donner une note, voire même un avis sur Apple Podcasts. Je te souhaite une excellente journée !

  • Nathalie dit :

    Bonjour Alexandre,
    Merci pour ce Podcast super intéressant. Cela fait très plaisir de voir qu’il y a des recruteurs qui sont ouverts d’esprit et peuvent considérer le congé sabbatique comme un vrai plus. Après, comme le souligne très justement Marie-Agnès, il faut être en mesure de mettre en valeur cette expérience et ne pas en avoir peur d’en parler. Belle continuation à toi.

  • Alexandre Willocquet dit :

    Merci @nathalie ! 🙂 Je suis persuadé que c’est le cas de la majorité des recruteurs aujourd’hui. Les temps changent et un congé sabbatique n’est généralement plus « mal vu ». Il ne faut surtout pas y renoncer à cause de cette « croyance limitante » !

  • Nicolas dit :

    Quel superbe interview !! Thème très pertinent Alexandre. Personnellement je travaille dans un grand groupe et je ne peux pas dire que mon année sabbatique a été « mal perçue »… Au contraire même ça se « revend » bien en terme de croissance de personnalité. Et puis franchement pour prendre ce genre de décision c’est forcément qu’on a un projet de vie donc un projet qui nous tient à cœur et qu’on revendra forcément avec entrain !! Merci aussi pour la donnée chiffrée… c’est toujours un plus ! Perso je le fais apparaître en évidence sur mon CV sans aucune gène 🙂

  • Alexandre Willocquet dit :

    Merci beaucoup pour ton retour enthousiaste, @nicolas ! Et pour ton retour qui corrobore les dires de Marie-Agnès. Pour ton CV, tu as tout bon ! 😉

  • Anne-Laure dit :

    Merci Alexandre pour ce podcast très intéressant.
    Je réfléchis à cette option pour pouvoir apprendre et grandir. Et pouvoir entendre le point de vue d’un recruteur est extrêmement bénéfique.

  • Alexandre Willocquet dit :

    Ravi que ça t’ait été utile et que ça t’ait encouragé à creuser cette option, Anne-Laure !
    De mon point de vue, prendre une année sabbatique pour apprendre et se développer est l’une des meilleures utilisations que l’on puisse en faire, de par l’impact durable qu’elle aura sur ta vie.
    N’hésite pas à me contacter si je peux t’être utile dans ce beau projet !

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