Démission pour Reconversion Professionnelle : FBI / Fausse Bonne Idée ?

Un cadre part dans la rue avec ses affaires : il a démissionné pour une reconversion professionnelle
Photo de Romain V sur Unsplash

Démissionner pour une reconversion professionnelle, en voilà une démarche qui peut sembler aussi logique que louable !

Après tout, il est souvent compliqué de réaliser son nouveau projet professionnel dans le cadre d’un contrat de travail préexistant. Autant avoir l’esprit libre et du temps devant soi !

Oui, mais… démissionner, n’est-ce pas prendre un grand risque quand son projet n’est pas encore très mûr ? Et puis, comment assurer sa stabilité financière avec un salaire en moins ?

Bonne nouvelle, depuis fin 2019, il est possible de bénéficier d’allocations chômage lorsqu’on envisage de démissionner pour une reconversion professionnelle !

Bon, autant te le dire tout de suite, ce n’est pas une partie de plaisir pour faire valoir ses droits…

Mais surtout, cette seule allocation va-t-elle emporter ta décision ? C’est, bien entendu, un avantage non négligeable…

Mais ne vaut-il pas mieux envisager d’autres solutions qui te permettent de gagner du temps avant de démissionner ? Pour ne le faire qu’en toute connaissance de cause, une fois ton projet de reconversion bien avancé ?

C’est le débat auquel je te propose de participer en lisant cet article ! Pour prendre la meilleure décision et lancer ta nouvelle activité sur les meilleures bases possibles. 🙂

Les démissionnaires pour reconversion professionnelle peuvent désormais bénéficier des allocations chômage

Longtemps, en France, démission n’a pas rimé avec allocations… Car pour toucher le chômage, il fallait que la rupture du contrat de travail ne soit pas volontaire.

Licenciement ou rupture conventionnelle, OK. Mais en cas de démission, pas de droit au chômage.

Cela en dehors tout de même de quelques cas de démissions légitimes, relevant d’impératifs personnels ou professionnels. Cette vidéo de l’Unédic résume assez bien la situation :

Mais ça, c’était avant ! Jusqu’à la « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel », précisément.

Grâce à elle, depuis le 1er novembre 2019, le code du travail prévoit un nouveau dispositif démissionnaire.

Qui permet à celui qui souhaite démissionner pour un projet professionnel solide de bénéficier de l’allocation chômage.

Du moins, en théorie… Car ce dispositif est bien sûr assorti de conditions à respecter strictement. Et de démarches à effectuer dans un ordre bien précis pour pouvoir, enfin, faire rimer démission, reconversion et allocations chômage.

Conditions d’une démission pour projet de reconversion professionnelle

Etre salarié en CDI de droit privé

C’est la condition sine qua non pour être éligible au nouveau dispositif démission-reconversion.

Il n’est donc pas accessible aux salariés en contrat temporaire… mais pas non plus aux fonctionnaires !

En revanche, peu importe que tu sois à temps partiel ou à temps complet.

5 ans d’activité salariée continue

C’est l’ancienneté minimale dont il te faut justifier (chez un ou plusieurs employeurs). Attention, il faut bien que ces 1300 jours aient été réalisés dans les 60 derniers mois.

Exit donc ceux qui ont bénéficié sur cette période d’un congé sabbatique ou d’un congé sans solde ! Pour bénéficier d’une aide pour une reconversion professionnelle, il leur faudra attendre 5 ans après la fin de ce congé pour démissionner…

Avoir un projet de reconversion professionnelle « réel et sérieux »

Concrètement, seuls 2 types de projet de reconversion sont susceptibles de te faire passer par la case allocations chômage après une démission.

La première possibilité consiste à envisager une reconversion professionnelle nécessitant une formation. Pour pouvoir exercer un métier dont tu pourras, par ailleurs, démontrer qu’il présente actuellement de bonnes perspectives d’emploi !

La seconde est de prévoir de revêtir des habits d’entrepreneur, que ce soit en créant ton entreprise ou en reprenant une entreprise existante. Et de démontrer dans ce cas la viabilité de ton projet à l’aide d’une sorte de Business Plan.

Mettre réellement en œuvre ce projet

Tu as réuni les 3 premières conditions et suivi à la lettre les étapes dont je te parle juste après, te voici désormais bénéficiaire de l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) ? Bravo !

Mais n’envisage pas de te reposer sur tes lauriers pour autant : il reste une dernière condition à respecter, celle de dérouler le plan que tu auras fait valider !

A défaut, Pôle Emploi n’hésitera pas à te couper les vivres…

Etapes à respecter quand on veut démissionner pour se reconvertir

Les étapes pour bénéficier du chômage lors d'une démission-reconversion : un labyrinthe
Image par PublicDomainPictures de Pixabay

Mobiliser un CEP

Le CEP (ou Conseil en Evolution Professionnelle) est une prestation gratuite (assurée par l’APEC pour les cadres).

Elle permet d’échanger autour de ton projet de reconversion et t’aide à l’affiner :

  • compétences transférables
  • compétences à acquérir
  • moyens nécessaires
  • risques éventuellement négligés

Mais ton conseiller étudiera aussi avec toi les alternatives à la démission pour mener à bien ta reconversion professionnelle. Ce qui est selon moi une très bonne chose, j’y reviens plus bas.

A l’issue de cette démarche, tu récupèreras un document de synthèse qui te sera indispensable pour entamer la prochaine étape, que ton conseiller t’aidera également à préparer.

Obtenir le feu vert de « Transition Pro »

Si le CEP est là pour préciser ton projet avec toi, la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale (CPIR) (appelée Transition Pro) est là pour en valider le caractère « réel et sérieux ».

Tu dois lui faire parvenir un dossier à cet effet, et elle se prononcera sous un délai de 2 mois à compter de la réception de ton dossier complet. A l’issue de ce délai, une éventuelle absence de réponse de sa part vaudra avis positif.

S’inscrire à Pôle Emploi sous 6 mois

Une fois l’avis positif de cette commission obtenu, tu disposes d’un délai de 6 mois pour demander à bénéficier du chômage en dépit de ta démission.

A noter pour les aspirants entrepreneurs que pour pouvoir bénéficier par ailleurs de l’aide à la création et à la reprise d’entreprises (ACRE), il faut s’inscrire à Pôle Emploi avant de créer ou reprendre l’entreprise.

Quand et comment démissionner pour une reconversion professionnelle ?

Il est indispensable de bien préparer ton projet avant de démissionner.

Ainsi, tu dois impérativement avoir demandé ton CEP avant de poser ta démission. A défaut, tu serais exclus du dispositif et ne pourrais bénéficier d’aucune allocation chômage pour faciliter ta reconversion…

En revanche, il est en théorie possible de démissionner avant de recevoir l’avis de Transition Pro. Mais si toucher le chômage est indispensable pour toi pour quitter ton CDI pour une reconversion, c’est prendre un risque qui ne se justifie probablement pas !

Il vaudra mieux alors attendre deux mois de plus et la validation de ton dossier pour approcher ton employeur.

Je te recommande de toute façon chaudement de patienter au moins jusqu’à la fin du CEP, afin de ne pas prendre une décision à la légère !

Concernant maintenant le formalisme de ta démission, il n’y a, à vrai dire, rien de spécifique dans le cadre d’une démission pour reconversion professionnelle.

Peu importe les raisons qui te poussent à démissionner, tu dois informer ton employeur de ton départ. Par oral ou par écrit, selon la Convention collective dont tu dépends.

Je te recommande d’opter dans tous les cas pour une lettre recommandée avec accusé de réception, c’est plus sûr.

Et ensuite, tu devras effectuer ton préavis. A moins, bien sûr, que ton employeur ne t’en dispense.

En pratique, la démission-reconversion, ça se passe comment ?

Ce nouveau dispositif avait pour objectif de faciliter les reconversions professionnelles. En particulier la mobilité entre métiers à faibles perspectives et métiers sous les projecteurs. Mais aussi la création d’entreprise.

Deux ans plus tard, quel constat peut-on en tirer ?

Là où le gouvernement espérait qu’elles concerneraient « 17000 à 30000 personnes par an », on ne totaliserait qu’un peu plus de 14000 bénéficiaires des allocations démission-reconversion sur 2020 et 2021.

Toutefois, il est juste de nuancer en rappelant que la situation sanitaire et économique ces années-là a pu freiner nombre de candidats potentiels !

Il n’en demeure pas moins que dans la pratique, il est loin d’être évident de remplir toutes les conditions. Et de bien respecter les étapes ci-dessus. Certains n’hésitent pas à critiquer une nouvelle « usine à gaz ».

Et on peut lire, par-ci, par-là, des histoires de salariés ayant tenté l’aventure et qui ont réalisé après avoir démissionné que contrairement à ce qui leur avait été annoncé, ils ne pourraient pas bénéficier de l’ARE…

On peut plaider des erreurs de jeunesse et espérer que le processus soit à la fois plus fluide et plus sûr à l’avenir. Mais rien n’est moins certain à l’heure actuelle.

Démissionner pour reconversion professionnelle : une fausse bonne idée ?

L’ARE est-elle vraiment la solution à tous tes problèmes ?

Un conseiller Pôle Emploi tend des billets de 500 euros : mais l'ARE est-elle la solution ultime ?

C’est entendu : il est donc désormais possible (sous conditions très encadrées) de bénéficier d’allocations chômage quand on démissionne pour une reconversion professionnelle.

Evidemment, c’est une bonne nouvelle puisque la sécurité financière est régulièrement citée comme obstacle principal par les aspirants à la reconversion qui renoncent à leur projet.

Il est probable que ce nouveau dispositif démissionnaires chez Pôle Emploi aurait évité à une partie de ceux-là de renoncer à leur rêve.

Mais est-ce bien si certain ? L’argument financier est légitime, mais il sert assez souvent d’arbre qui cache la forêt…

Les cadres de 45 ans et plus ont souvent plus de marges de manœuvre qu’ils ne l’imaginent. Oui, même avec un crédit immobilier et des frais d’études pour leurs enfants.

A ce titre, la reconversion d’un ingénieur présente tout de même quelques spécificités.

Par ailleurs, il ne faut pas confondre baisse de revenus provisoire et à long terme. Si c’est la première qui te fait peur, effectivement, l’ARE a de bonnes chances de te permettre de boucler ton budget le temps de ta reconversion.

Mais si tu es, en réalité, préoccupé par une baisse de revenus (probable) dans ton nouveau métier, des allocations chômage n’apporteront qu’une solution très temporaire.

Enfin, on constate bien souvent que, même si la sécurité financière n’était pas un problème, de nombreux candidats à une réorientation professionnelle n’oseraient pas faire le grand saut. Faute de savoir quoi faire de sa vie ou par où commencer…

Ainsi, il est important de bien prendre le problème à l’endroit. En te demandant si de « simples » allocations feront réellement toute la différence pour ton nouveau projet professionnel.

La rupture conventionnelle garde l’avantage

Quitte à couper les ponts avec ton employeur pour te reconvertir, pourquoi ne pas envisager plutôt une rupture conventionnelle ?

Tu me répondras sûrement que les employeurs l’acceptent rarement… Mais ce n’est pas tout à fait exact ! En fait, on constate ces dernières années une évolution régulière à la hausse du nombre de ces ruptures à l’amiable du contrat de travail (à l’exception notable de 2020).

Rends-toi compte : entre 2020 et 2021, il y a eu 880.000 ruptures conventionnelles homologuées. C’est 60 fois plus que le nombre d’inscriptions à Pôle Emploi sur la même période suite à une démission-reconversion !

Il serait dommage de ne pas au moins proposer une rupture conventionnelle ! Dans la mesure où elle te permet de bénéficier du chômage sans conditions et qu’elle s’accompagne d’une indemnité probablement utile pour ton projet de reconversion.

Mais l’employeur peut aussi y trouver son intérêt ! Car il pourra, par exemple, négocier avec toi un délai un peu plus long que le préavis de démission pour te remplacer.

Et en t’aidant à réaliser ton projet de réorientation, il pourra davantage compter sur ta bonne volonté pour finaliser les dossiers importants en cours. Et assurer une transition efficace avec ton successeur.

S’il ne veut rien entendre, tant pis, tu auras au moins essayé ! Tu te dis probablement qu’il est alors temps de contacter le Conseil en Evolution Professionnelle… Pas si vite !

As-tu envisagé l’échec ?

Que tu envisages de demander une rupture conventionnelle ou de démissionner pour une reconversion… tu t’apprêtes à tirer un trait définitif sur ton poste actuel et tous ses avantages.

Loin de moi l’idée de te dire que ce n’est pas raisonnable. Il y a probablement déjà bien assez de monde pour ça dans ton entourage !

Si tu n’as pas pris ta décision de te reconvertir sur un coup de tête, tu as sûrement plein de bonnes raisons de le faire. Et je ne saurai alors que t’y encourager.

Mais cela ne suppose pas forcément de prendre des risques de manière précipitée. Si tu n’as pas encore trouvé ta voie professionnelle… ce n’est probablement pas la bonne solution !

L’intérêt d’un plan B

Bien sûr, nous l’avons vu, pour entrer dans le cadre d’une démission pour reconversion professionnelle, il faut être capable de monter un dossier. Ce qui suppose un minimum de réflexion préalable. Et en cela c’est une bonne chose.

Mais même si c’est ton cas, que se passera-t-il si tu réalises au bout de quelques semaines de formation que ce nouveau métier ne te convient pas ? Ou si ton entreprise ne sort pas la tête de l’eau au bout de plusieurs mois ?

As-tu réfléchi aux conséquences ? Et prévu des solutions pour y faire face ?

Tu te dis que sont les risques du métier ? J’en suis d’accord ! Mais pourquoi s’y exposer en totalité tant que tu n’as pas un minimum de certitudes sur tes chances de succès ?

En vérité, je fais partie de ceux qui considèrent qu’il est toujours préférable d’avoir un « plan B ». Une solution de repli au cas où ton projet de reconversion professionnelle ne rencontrerait pas le succès escompté.

Et je constate que nombreux sont ceux qui, comme moi, n’aiment pas travailler sans filet. Ils sont bien plus à l’aise pour mettre toute leur énergie dans leur projet une fois qu’ils ont défini ce plan B.

Avoir anticipé un échec et imaginé un plan B pour ne pas se retrouver dans une situation difficile, ça aide tout de même à être plus serein. Surtout quand les conséquences concernent également ta famille.

Mais bien sûr, tout le monde ne voit pas les choses de cette façon et il est possible que tu fasses partie de la « Team Schwarzy ».

Certains détestent les plans B

J’aime beaucoup Arnold Schwarzenegger. La plupart de ses films, c’est vrai, mais ça n’a pas sa place ici. 😉

Non, je fais référence par là à cette capacité qu’il a à se réinventer, à changer de vie. A ma connaissance, le bonhomme a successivement été bodybuilder, acteur, homme d’affaires et gouverneur de Californie…

Alors forcément, ses avis sur le sujet me semblent avoir une certaine valeur. Et il se trouve que le « Governator » affiche clairement détester les plans B. Tu découvriras pourquoi dans cette vidéo de motivation :

Elle n’est malheureusement disponible qu’en anglais. Alors en résumé, que dit Schwarzenegger ? Il considère qu’envisager l’échec revient à douter de soi. Et que c’est dangereux car cela minimise vraiment nos chances de vraiment réussir.

Que penser à ce plan B va consommer une énergie qui ne sera plus disponible pour le plan principal, ou plan A. Pour lui, les gens fonctionnent mieux sans filet de sécurité.

Il ne faut pas avoir peur d’échouer car il n’y a rien de mal à ça. Le problème n’est pas l’échec. C’est quand on ne se relève pas d’un échec !

En ayant peur d’échouer, il est fréquent d’être paralysé, d’être tendu. Et ce n’est pas comme cela qu’on réussit.

Voilà un résumé en quelques phrases de sa pensée sur les plans B.

Lorsque j’ai abordé le sujet via un sondage dans mon groupe Facebook Cadres, osez changer de vie avec la reconversion professionnelle !, environ 30% des cadres étaient d’accord avec lui.

Un argument intéressant exprimé était que lorsqu’on est capable de prendre une décision forte comme démissionner pour une reconversion professionnelle, on est capable de rebondir si on n’atteint pas son objectif.

En vérité, je pense que cela dépend totalement de ta personnalité. Peut-être fonctionnes-tu effectivement mieux sans filet de sécurité. Auquel cas, démissionner est probablement la meilleure solution.

Mais si tu fais partie de ceux qui préfèrent anticiper pour avancer plus sereinement sur leur projet, la suite va t’intéresser !

Les alternatives à la démission pour reconversion professionnelle

De mon point de vue, tu l’as compris, « gouverner, c’est prévoir ». Et je préfère avoir prévu par anticipation ce que je ferai en cas d’échec. Mon plan B.

Ajoute à cela le fait que je n’ai absolument rien contre prendre des risques… mais que je préfère de manière générale prendre une décision avec le maximum d’informations en main !

En matière de reconversion professionnelle, concilier ces deux tendances revient à repousser le plus tard possible le moment où tu quitteras ton poste actuel.

Imagine : tu ne décides de démissionner pour te reconvertir qu’une fois que tu as suffisamment de certitudes sur ta nouvelle activité !

Et si cela ne se passe pas comme tu l’espérais, tu gardes la possibilité de rester un peu plus longtemps chez ton employeur pour te retourner. Sans craindre de te retrouver durablement sans ressources.

Cela te parait trop beau pour être vrai ? Il existe pourtant plusieurs solutions pour en faire une réalité !

Travailler son son projet de reconversion en parallèle de son emploi

Le Side Project

Une première idée souvent proposée revient à travailler en mode « Side Project ». C’est à dire à consacrer du temps personnel à ton nouveau projet professionnel.

Bien sûr, tu conserves ton salaire et tous tes avantages. Mais en contrepartie, tu consacres une partie de tes soirs, week-ends et vacances à ta reconversion.

Si tu es déjà très investi dans ton boulot et que ton équilibre vie privée / vie professionnelle n’est pas au top, c’est probablement une perspective qui ne t’enchante guère…

Par ailleurs, ce ne seront pas forcément les « meilleures heures » en termes de concentration.

En effet, à la fatigue accumulée dans ton travail actuel risquent de s’ajouter un certain nombres de « perturbations ». Celles inhérentes à la présence de ton conjoint ou des tes enfants à tes côtés ! Cela ravive peut-être quelques souvenirs douloureux du premier confinement de 2020 ?

Clairement, au-delà des nouveaux sacrifices qu’il te faudra consentir sur ta vie sociale et tes loisirs, il s’agira de tenir la distance.

Pas évident de rester motivé durant de longs mois, alors que c’est probablement ce qui t’attend… puisque tu pourras difficilement consacrer plus de quelques heures par semaine à ton projet !

Un temps partiel

Il existe une variante qui consiste à te mettre à temps partiel : tu échanges une partie de ton salaire contre bien plus de temps passé sur ta reconversion. Avec en prime la possibilité de garder une vie sociale !

Cela te semble déjà mieux ? Il y a tout de même deux limites de taille :

  • ce temps partiel dépend totalement du bon vouloir de ton employeur
  • certaines formations ne pourront pas être suivies à temps partiel

Si tu ne peux pas rentrer dans cette case, pas de panique. Il reste d’autres alternatives.

Se mettre en retrait de son poste pour se lancer

Un bureau déserté : est-ce une bonne idée de démissionner pour une reconversion professionnelle ?
Photo de Andrew Neel sur Unsplash

La perspective de n’avancer qu’à raison de quelques heures par semaine ne t’enchante guère ? Ou bien ton employeur ne veut pas entendre parler de temps partiel ? Il va falloir envisager des solutions plus radicales.

Ce sera également le cas si tu envisages une formation à temps complet. Ou bien si tu veux te mettre en mode « test sur le terrain » pour vraiment faire connaissance avec ton futur métier. Ce que je te recommande chaudement !

Bref, il te faut des semaines (voire des mois) de temps dégagé ? Pas de problème, il existe plusieurs solutions que tu peux mettre en œuvre !

Le dispositif Pro-A

Ce nouveau dispositif de « reconversion ou promotion par alternance » a succédé en 2019 au dispositif de transition professionnelle.

Il vient en complément du plan de développement des compétences de l’entreprise et du compte personnel de formation (CPF).

Il permet aux salariés en CDI de bénéficier de plages de formation durant leur temps de travail. Tout en conservant leur rémunération.

Idéal, n’est-ce pas ? Mais il est réservé à ceux qui n’ont pas atteint un niveau de qualification équivalent à une licence ou plus. Ce qui exclut de fait bon nombre des cadres d’entreprise, comme tu le verras dans cet article.

Par ailleurs, ton employeur est partie prenante et doit donc te donner son feu vert.

Un congé sabbatique

Tu peux ensuite envisager de demander un congé sabbatique. J’ai bien dit « congé », et pas forcément « année ».

D’une durée de 6 à 11 mois, il te permet de consacrer ce temps à ce que tu veux. Par exemple te former ou travailler chez un autre employeur pour te faire une idée.

Ce congé est non rémunéré, mais ce sera le cas également des solutions qui suivent. De plus, il faut réunir quelques conditions pour pouvoir en bénéficier.

Mais quand on a envie de changer de vie, un congé sabbatique présente de nombreux atouts.

C’est la solution que j’ai retenue pour me former au blogging et créer 11 Mois pour Changer de Vie !

Un congé création d’entreprise

Si tu ne peux pas prétendre à un congé sabbatique, pourquoi ne pas envisager un congé création d’entreprise ? Ses conditions d’obtention sont légèrement différentes (un peu plus souples).

Et personne ne te demandera quelle utilisation tu en fais. Sur le papier, il est donc tout à fait possible de l’utiliser même pour suivre une formation en vue de reprendre un emploi salarié.

Reste que cela revient à le détourner de sa raison première. A toi de voir !

Personnellement, j’ai enchaîné sur un congé création d’entreprise après mon congé sabbatique pour lancer mon activité. Mais j’étais bien dans le cadre d’une création d’entreprise.

Un congé sans solde

Si les deux congés précédents sont hors-course pour toi, il reste une dernière solution : demander un congé sans solde à ton employeur. Mais là, comme pour un passage à temps partiel, tu es totalement tributaire de sa bonne volonté

Démissionner pour une reconversion professionnelle : que retenir ?

Si tu as entendu parler du nouveau dispositif démissionnaire de 2019, il a peut-être retenu toute ton attention. Car il a le mérite de proposer des allocations chômage à ceux qui envisagent de démissionner pour mener une reconversion professionnelle.

Dans cet article, je t’ai expliqué qu’il s’agissait actuellement d’un parcours du combattant. Car il te faut répondre à 4 conditions :

  • être en CDI (de droit privé) au moment où tu démissionnes
  • justifier d’une activité salariée continue sur les 5 dernières années
  • pouvoir démontrer le caractère réel et sérieux de ton projet de reconversion
  • mettre réellement ce dernier en œuvre une fois au chômage

Mais ce n’est pas tout : il te faut respecter scrupuleusement des étapes. Et, par exemple, ne pas démissionner avant d’avoir demandé un Conseil en Evolution Professionnelle.

Cette rigidité n’a pas permis jusqu’ici à ce dispositif de rencontrer le succès escompté auprès des candidats à une reconversion professionnelle.

Mais ce n’est peut-être pas une mauvaise nouvelle pour toi ! Car comme je te l’ai expliqué, en fonction de ta situation et de tes besoins, il existe différentes alternatives plus intéressantes qu’une démission, même rémunérée :

  • une rupture conventionnelle
  • un passage à temps partiel
  • le dispositif « Pro-A »
  • un congé sabbatique
  • un congé création d’entreprise
  • voire un congé sans solde

C’est vraiment à toi de choisir parmi ces solutions. En décidant, en premier lieu, si tu es mûr pour quitter ton poste actuel sans plan B, sans filet de sécurité.

Ta décision est prise ? Super !

Sais-tu déjà comment tu vas t’y prendre ? Ou aimerais-tu te faire accompagner ? Dans ce cas, clique ici, cette proposition devrait t’intéresser ! 🙂

Quoi qu’il en soit, je te souhaite beaucoup de plaisir sur le chemin de la reconversion. Celui d’un nouveau départ pour toi, qui est l’occasion d’être plus heureux, sans attendre la retraite !

  • Je ne connaissais pas l’existence de ce nouveau dispositif pour préparer une reconversion en démissionnant. Merci de cette découverte. Pour ma part j’ai pu négocier une rupture conventionnelle. De plus comme j’avais 10 ans d’ancienneté dans la boite, il était largement préférable de passer par une rupture, même si à l’époque il y avait eu ce nouveau dispositif. Quand au plan B, j’ai plutôt préparé un plan financier, afin de tenir plusieurs années sans revenus.

  • Nicolas dit :

    Merci merci et encore merci pour ce guide complet ! C’est vrai qu’il existe des tas de solutions quand on veut changer de vie (professionnelle ou pas). Personnellement, j’aurais été naturellement vers le fait de prendre un congés sabbatique pour me laisser le temps de voir si mon projet est viable mais quand je lis les autres opportunités que le cadre légal français permet, je me dis qu’il existe peut-être d’autres alternatives. A étudier tranquillement mais MERCI pour toutes ces infos

  • Alexandre Willocquet dit :

    Oui, tout à fait, la rupture conventionnelle offre cet avantage. L’ancienneté est cela dit à double tranchant : elle améliore ta prime, mais ça coûte plus cher à l’employeur qui peut alors être moins enclin à t’accorder la rupture…

  • Alexandre Willocquet dit :

    Avec plaisir, Nicolas. Oui, c’est intéressant de voir la diversité des solutions possibles. Elles permettent une vraie flexibilité et je suis persuadé qu’à chaque cas, sa solution. Il ne faut donc pas « suivre la mode » ou vouloir reproduire ce qu’a fait une connaissance, qui n’était pas forcément dans le même que vous.

  • >